Cet été 2020. Fêtes landaises, casino et tourisme vert : une semaine de reportages dans le Sud-Ouest
franceinfo sur la route de votre été. Pendant tout l'été 2020, les reporters de franceinfo vont à votre rencontre sur vos lieux de vacances. Cette semaine, direction le Sud-Ouest.
Cette semaine franceinfo vous amène sur les routes du Sud-Ouest, de la mer Méditerranée jusqu'au coeur du Lot.
Dans les Landes, l'été est différent depuis que la majorité des fêtes de village ont été annulées à cause du coronavirus. Les organisateurs de courses landaises sont désoeuvrés.
À Saint-Sever, près de Mont-de-Marsan, les 180 vaches de la ganaderia Dargelos, l'un des dix éleveurs du secteur, sont dans leur champ, et ce n'est pas vraiment normal pour Jean Lafitte, l'un des gérants. "Elles se demandent ce qui leur arrivent cet été. Normalement elles devraient être dans les arènes."
Avec l'annulation des fêtes de village en raison de la Covid, les courses sont à l'arrêt, mais c'est surtout l'identité d'une région qui est touchée pour cet éleveur : "Il n'y pas que la course landaise, il y a aussi les fêtes. Pour nos villages, c'est primordial, c'est l'animation de l'année. Nous sommes assez loin de la côte, donc le tourisme est quand même limité. L'été, on fait 2 ou 3 courses par semaine. Aujourd'hui il n'y a plus rien et ça manque énormément."
Une véritable catastrophe économique : "Une année normale, c'est entre 90 et 100 sorties à l'année, explique Henri Tilhet, membre fondateur de cette ganaderia. Cette année, on va finir au mieux avec 10 à 12 compétitions." L'ensemble de la ganaderia est très inquiète : "Nos besoins pour une année complète c'est entre 80 et 90 000 euros. Nous allons avoir 10 à 12 000 euros de rentrée de spectacle, 14 à 15 000 euros de subventions. Au total, on reste loin de l'objectif. On ne sait pas comment ça va finir."
Pour le moment, aucune course n'est encore prévue au planning. Les éleveurs espèrent sauver les meubles en fin de saison, mais en cas de deuxième vague, ils craignent la disparition pure et simple de ce patrimoine landais.
Près de la Méditerranée, à Capbreton dans les Landes, les lieux clos s'adaptent à l'obligation du port du masque depuis lundi. Pour le casino de la commune, rien ne change puisque le masque est obligatoire depuis la réouverture le mois dernier. À l'intérieur de la salle, une cinquantaine de machines à sous attendent les joueurs. Devant l'une d'entre elles, Catherine, une habituée du lieu, porte un masque en tissu assorti à sa robe asiatique. "C'est un peu contraignant, mais on a tellement envie de venir qu'on le met."
Des barrières en Plexiglas sont disposées entre chaque client. Mais ce n’est pas tout. "Sur chaque machine, il y a un écriteau en rouge qui indique aux clients de demander au personnel en salle de venir effectuer un nettoyage avant de s'installer", explique François Dessertine, directeur de l’établissement. Un agent nettoie après qu'un client ait utilisé une machine et avant qu'un nouveau s'installe, par précaution. "Cela permet d'avoir un espace de jeu propre et sans danger."
Les touristes sont également de retour comme Hugo, d'Agen dans le Lot-et-Garonne, venu tenter sa chance à la roulette avec ses amis, ou Nadine de la région parisienne, une habituée des casinos très compréhensive : "Le masque me gêne beaucoup, je suis toujours en train de me gratter le nez, mais je trouve que c'est nécessaire. Il vaut mieux se préserver et préserver les autres."
Il n’empêche, ces mesures de protections ont tout de même des conséquences, pour le directeur François Dessertine. "Les clients restent moins longtemps, parce que ce n'est pas confortable d'avoir quelque chose sur le visage." La situation n’est pourtant pas catastrophique, le retour des touristes laisse entrevoir quelques jackpots à venir.
Depuis le 17 juillet, dans certains secteurs du Lot, un arrêté préfectoral interdit tout prélèvement d'eau en raison de la sécherre. Près de Montfaucon dans le gourdonnais, une patrouille de l'Office français de la biodiversité (OFB), chargée de contrôler que l'interdiction est bien respectée, surveille cette zone rouge.
Sur les routes sinueuses des Causses du Quercy, deux agents scrutent attentivement le lit d'une rivière. "On réalise régulièrement des contrôles sur ce secteur", explique Vincent Jarnot, chef du service départemental de l'OFB. Au bord d'un champ de maïs, rien à signaler aujourd'hui : "On constate qu'il n'y a aucune politique d'arosage en place, mais on a déjà été amenés à relever des infractions de non-respect de l'arrêté préfectoral".
Même si l'arrêté est plutôt respecté, la situation commence à être critique. "C'est pour ça que cet arrêt est plus restrictif que le précédent alors que nous ne sommes que fin juillet", observe Pascal Malassagne, chef de service adjoint de l'OFB. Au bord des champs, la rivière se fait mince : "Le cours d'eau n'est déjà pas très haut, à peine quinze centimètres"
La patrouille n'oublie pas les particuliers. Denise, une retraitée, est un peu étonnée par la visite de ces deux policiers armés : "Je n'étais pas au courant de l'arrêté préfectoral. L'eau, je la prends au ruisseau." Rien à voir cependant avec l'irrigation des champs de maïs qui pompe dix à vingt litres d'eau par seconde. Les contrevenants sont prévenus, ils risquent entre 1 500 et 7 500 euros d'amende.
Cette année, la crise sanitaire du coronavirus a stimulé le tourisme vert. Les Français préfèrent partir dans des régions moins touristiques pour éviter la foule. Dans la commune de Nérac, dans le Lot-et-Garonne, un "hôtel bulle" réalise sa meilleure saison.
À quelques minutes du château de Saint Martin, en ruine, se trouve le site créé il y a cinq ans par Jean-Baptiste de Blaÿ : "C'est une immersion en pleine nature. On est sur une terrasse légèrement en hauteur pour y avoir un accès direct."
Le lieu se nomme Chrysalide, comme un cocon. Ici, en guise de chambres, des bulles géantes. "Ça fait un peu l'effet d'une verrière, on voit dehors. La surprise vient au moment où il fait nuit et qu'on éteint la dernière lumière." Un espace de cinq mètres au sol, avec un grand lit en son centre et un jacuzzi sur la terrasse.
Virginie et Christophe sont venus profiter de l'expérience pour leur vingt ans de mariage. "Avec le Covid-19, notre voyage au Cap-Vert a été annulé. Mon épouse m'a fait une surprise en m'amenant ici." Un havre de paix insolite à quarante minutes en voiture de chez eux. "On découvre la France et les alentours de chez nous."
Le tourisme vert se porte à merveille, confirme Jean-Baptiste Blaÿ : "Le mois de juin représente 30% de plus de chiffre d'affaires par rapport à l'année dernière, et juillet également. Les bulles sont pleines pour les trois prochaines semaines."
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