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Chroniques du ciel. Aigle Azur, XL Airways et les autres : l'hécatombe continue

Quel avenir pour le pavillon français dans un contexte de crise après la faillite d'Aigle Azur et d'XL Airways. Des milliers d'emplois menacés d'ici cinq ans. 

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un avion de la compagnie aérienne française XL Airways, en 2012 à l'aéroport Marseille-Provence.  (SERGE GUEROULT / MAXPPP)

Si le pavillon français poursuit sa lente agonie, c’est que depuis des années, qu’il soit de gauche comme de droite, nos politiques n’ont jamais considéré le transport aérien comme un secteur stratégique, générateur d’emplois directs et indirects, essentiels au développement économique du pays. Ce qu’ont en revanche, parfaitement compris les États du Golfe, ou des nations comme l’Ethiopie, ou Singapour.

La prédominance du développement des compagnies étrangères

De plus, à une époque où Air France était encore majoritairement détenue par l’Etat, toutes les initiatives qui auraient pu faire de notre pays une grande nation de l’aérien ont été tuées dans l’œuf. Au final, lors de l’ouverture du ciel européen, la France ne croyant pas au "low cost", ce sont des compagnies étrangères qui se sont développées comme Ryanair, EasyJet, Vueling, devenues aujourd’hui de véritables monstres d’une efficacité redoutable devant lesquelles il est impossible de lutter.

Écart de compétitivité de plus de 750 millions d'euros par rapport aux voisins européens

A ce triste constat s’est ajouté le lourd poids des taxes, des redevances, de la sûreté, et une inimaginable complexité des textes et des procédures. Ces mesures misent bout à bout représentent, aujourd’hui pour la France, un écart de compétitivité de plus de 750 millions d’euros par rapport à ses voisins européens. Ces dernières années, les patrons des compagnies aériennes, à commencer par Laurent Magnin, le Président XL Airways, ont multiplié les cris d’alarme.

On a accumulé les rapports Leroux, Abraham ; des Assises du Transport Aérien ont été organisées l’an dernier, sans que rien n’y soit annoncé, Élisabeth Borne, reconnaissant à l’époque que la crise des gilets jaunes n’était pas étrangère à cette absence de mesures du gouvernement. Pour couronner le tout, et contre toute attente, Norwegian, une compagnie low-cost long courrier, que l’on croyait à l’agonie, au regard de son endettement, a reçu le soutien de son gouvernement. Il est évident que, dans ces conditions, aucune compagnie française, en dehors du groupe Air France KLM, ne survivra à terme à un tel contexte.

Toutes les compagnies françaises dans le rouge

Et si le gouvernement affirme aujourd’hui se mobiliser pour tenter de sauver XL, Aigle Azur et d’autres, il est clairement trop tard. À l’exception d’Air Caraïbes, toutes les compagnies françaises sont dans le rouge. Aujourd’hui, la part de marché des ailes françaises dans l’Hexagone ne représente plus qu’à peine 40% contre plus de 60% en 2000. D’ici 5 ans, ce sont 16 000 emplois qui pourraient disparaître.    

Ce dimanche 22 septembre dans la nuit,  XL Airways et son actionnariat ont demandé un rendez-vous à Air France en extrême urgence avant l’audience d’ouverture du redressement judiciaire demain lundi 23 septembre.

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