Chroniques du ciel. Les aumôniers d'Aéroports de Paris, un modèle de dialogue entre les religions
A l’aéroport d’Orly, ils partagent le même bureau, se parlent quotidiennement, se connaissent, s’apprécient et se respectent. Les aumôniers d’Aéroports de Paris, forment l’un des plus beaux exemples du dialogue inter-religieux.
Pour Aéroport de Paris, ces aumôniers représentent une richesse considérable. Non seulement, le rabbin, le prêtre, l’iman et le pasteur apportent leur identité, mais en plus ils s’entendent extrêmement bien. Les passagers en transit ou les personnels de l’aéroport se rendent à la chapelle, la synagogue ou la mosquée pour un conseil, une discussion dans un lieu calme, loin de l’agitation de l’aéroport.
Une prière des voyageurs pour toutes les religions
"Nous l’avons vu lors des attentats qui ont ensanglanté le pays en novembre 2015, la qualité des déclarations entre les différentes religions a été très supérieure à ce qui a pu se faire au niveau national", déclare Augustin de Romanet, président d'ADP. Après les attentats du Bataclan, les aumôniers d’Orly ont écrit une prière des voyageurs, pour toutes les religions et dans toutes les langues. Cette même solidarité s’est exprimée après les attentats de Charm El Cheikh en Égypte en 2005 lorsqu’il a fallu accueillir les familles des victimes.
Pour le président d’ADP, il s’agit d’une richesse considérable que d’avoir cultivé pour Aéroports de Paris cette tradition : avoir des aumôniers respectés et mis en valeur. "Le choc de ces actes terroristes, nous a donné l’occasion d’extérioriser quelque chose qu’on avait déjà, la fraternité", se souvient, Nadir Mehdi, l’un des imams de l’aéroport d’Orly. "Il y a une très belle osmose entre nous, on s’est lié d’amitié il y a déjà plusieurs années et on ne regarde plus nos confessions, mais notre côté humain" ajoute l’imam.
"Nous sommes tous sémites"
Pour illustrer cette confraternité inter-religieuse, le père Rodde, aumônier catholique, évoque Achille Ratti, le pape Pie XI, et son propos lors de la montée du fascisme au début des années 30, "Nous sommes tous sémites, Il y a un tronc commun et différentes branches". Haïm Korsia, Grand Rabbin de France et aumônier à l’aéroport d’Orly depuis des années, y voit un lieu d’échanges extraordinaires. Les passagers en transit ou les personnels de l’aéroport se rendent à la chapelle, la synagogue ou la mosquée pour un conseil, une discussion dans un lieu calme, loin de l’agitation de l’aéroport.
Les aumôniers jouent aussi un rôle pédagogique face à des voyageurs parfois stressés. Certains demandent une bénédiction avant de monter dans l’avion parce qu’ils ont peur. "Nous avons de nombreux passagers des départements d’outre-mer, des gens très croyants, qui viennent nous voir", note le père Dominique Rodde. Le rabbin, le prêtre, l’imam, sont là pour les rassurer face à un milieu que le voyageur occasionnel ne connaît pas. Mais les demandes de confession sont relativement rares. "En pleine période de ramadan, un Ivoirien est venu me demander comment rompre le jeûne en plein vol, je lui ai dit que les voyageurs n’étaient pas obligés de faire le ramadan, c’est du conseil, des questions simples"; explique Nadir Mehdi. "Les gens sont heureux de nous trouver ensemble, dans un même lieu", assure Haïm Korsia. "On est là pour écouter tout le monde", ajoute encore la pasteur, Anniel Aton.
"Les passagers sont confiants et heureux de nous trouver ensemble"
Du coup, à Orly, il n’est pas rare de voir le Grand Rabbin de France venir lui même tirer les cloches de l’ancienne chapelle ou accueillir le Pape, il y a quelques années. À l’aéroport de Paris Orly, la parole des voyageurs y est plus libre, "Il y a une confiance avec les passagers plus importante qu’ailleurs, parce que ces passagers savent qu’ils ne nous reverront pas !", explique Haïm Korsia. Ce bien-vivre ensemble entre les représentants des différentes religions, les aumôniers d’Orly aimeraient qu’ils servent d’exemple dans toute la France.
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