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Crash A320 : questions sur un suicide aérien inédit

Jamais dans l'histoire de l'aviation commerciale moderne, une catastrophe aérienne, puisqu'on ne peut plus parler d'accident, n'aura été traitée et réglée en aussi peu de temps.
Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (Rémi Jouty, président du BEA, mercredi lors de sa conférence de presse au lendemain du crash de l'A320 de la compagnie allemande Germanwings. © Frédéric Beniada)

Moins de 48 heures après le drame, on avait la cause, un suicide et un responsable, Andréas Lubitz,  jeune pilote dépressif de 28 ans, passé au travers des mailles du filet de sélections médicales pourtant réputées infaillibles.

C'est aussi la première fois, qu'on expliquera plus tard dans un rapport final, que la perte de cet A320 de Germanwings, n'est le résultat que d'une seule cause, les autres cas de suicide, celui d'Egyptair en 1999 dans l'Atlantique ou celui de la Royal Air Maroc en 1994 sur les montagnes de l'Atlas n'ayant jamais été reconnus officiellement par les pays de tutelle.

Les enquêtes aux causes techniques, sont peut-être beaucoup plus longues à boucler, mais elles appellent à des solutions techniques. Dans le cas de Germanwings, on est totalement dans l'irrationnel, et aucune mesure rationnelle, comme rajouter une deuxième personne dans le poste de pilotage en cas d'absence d'un des deux membres de l'équipage, ou réfléchir à l'installation de toilettes-cockpit, ne garantira une sécurité à 100%. Il faut malheureusement vivre avec et accepter que le "risque zéro" dans l'aviation comme ailleurs n'existe pas. Un pilote suicidaire déterminé le restera.

Au delà de ces considérations, ce drame va laisser des traces profondes dans la confiance que porte l'opinion publique auprès du transport aérien déjà durement touché par plusieurs accidents ces derniers mois. Il interpelle également sur ce très mauvais mélange des genres. D'abord sur cette fuite dans le New York Times par un militaire français sur le contenu d'un CVR à peine dévoilé, sur le fait que ce soit le procureur de Marseille qui se soit improvisé jeudi matin, "enquêteur technique" avec de nombreuses imprécisions dans ses explications.

Ce n'est pas FMS, le Flight Monitoring System, qui permet de faire descendre l'avion, même si pour le grand public, ça n'a pas vraiment d'importance. Mais avait-il le choix face à la forte pression médiatique ? Quant au Bureau Enquêtes Analyses, une nouvelle fois, lui, sous pression politique, il n'a préféré ou n'a pu rien dire. C'est triste et préjudiciable pour un organisme dont les compétences et le sérieux sont mondialement reconnus.

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