Cinéma week-end. "Baccalauréat" mention très bien pour Cristian Mungiu
C'est le grand écart cette semaine entre le cinéma du réel de Cristian Mungiu et les extraterrestres de Denis Villeneuve.
Cristian Mungiu avait 21 ans quand la Roumanie de Ceausescu est tombée et depuis 16 ans, il fait des films qui ont accompagné les mutations de son pays. Palme d'or en 2007 avec 4 mois, 3 semaines, deux jours, son Baccalauréat a obtenu le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes.
Cristian Mungiu scrute cette période de transition en se demandant si finalement, comme le disait un personnage de Visconti dans Le guépard, "tout changer pour que rien ne change" n'est pas le sous-titre de toute révolution.
Si tu veux changer la société, tu dois commencer par analyser les choix que tu fais
Dans Baccalauréat, un médecin, notable d'une petite de ville roumaine, projette dans l'avenir de sa fille ses propres rêves inaboutis. Elle ira faire ses études à Londres quand elle aura passé le bac, mais à quelques jours de l'examen, l'adolescente, bonne élève, est agressée, ce qui compromet ses chances de réussite. Pour s'assurer que ce mauvais coup du sort n'entrave pas le destin de sa fille, le médecin joue de ses relations afin de corrompre un correcteur de l'examen et évidemment, ça dérape.
Cristian Mungiu, au plus près du réel, montre comment les petites compromissions font les grands systèmes corrompus.
Baccalauréat de Cristian Mungiu, encore un excellent film roumain, on aurait aimé en dire autant de la version grand écran de la série culte Absolutely Fabulous. Mandie Fletcher signe cette adaptation qui malheureusement ne tient qu'une vingtaine de minutes avant de sombrer dans le n'importe quoi. Dommage, les débuts sont hilarants, Edina et Patsy ont pris du poids et des rides mais picolent et se droguent toujours autant, elles ont de plus en plus de mal à briller dans les soirées mondaines de Londres quand un soir de défilé elles font tomber Kate Moss en personne dans la Tamise. Les sympathiques apparitions de la top model et de Jean-Paul Gaultier ne parviennent pas à sauver la suite.
Après Sicario et avant Blade runner 2049, suite de celui de Ridley Scott, qui sortira en 2017, le québécois Denis Villeneuve poursuit son aventure hollywoodienne avec Premier contact. L'arrivée de 12 immenses monolithes aux quatre coins de la planète en provenance de l'espace met le monde en émoi, d'autant plus que la communication avec ces extraterrestres n'est pas aisée. Amy Adams interprète brillamment une linguiste recrutée par l'armée américaine pour décrypter le langage de ces créatures visqueuses qui dessinent de magnifiques cercles en suspension dans l'air.
Le fait que je sois de l'extérieur de l'empire, m'a donné un regard différent
Cette rencontre est parfaitement maîtrisée, philosophique, intime, le reste renvoie aux questions géopolitiques et militaires de circonstance. Evidemment l'Amérique est au cœur du dilemme : faut-il s'ouvrir à ces visiteurs ou déclencher une guerre apocalyptique ?
Pour Denis Villeneuve, le fait de ne pas être américain, lui a permis d'imposer à Hollywood une autre vision du monde. Premier contact est un film France Info.
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