Cinéma week-end. Leyla Bouzid pose un regard juste sur le désir chez les jeunes issus de l'immigration
"Une histoire d'amour et de désir" est le second film de Leyla Bouzid, récemment primé au festival du film francophone d'Angoulême, meilleur film et meilleur acteur.
Ahmed, jeune banlieusard, né en France de parents algériens rencontre sur les bancs de la fac Farah, fraîchement arrivée de Tunis. Le film commence par un classique coup de foudre, mais très vite Leyla Bouzid brouille les pistes et bat en brèche les clichés sur la jeunesse issue de l'immigration.
Le film répond à un manque de délicatesse et d'intime.
Leyla Bouzid
Ahmed est aussi timide et débordé par son désir que Farah est spontanée et bien plus entreprenante que lui, et c'est en découvrant en cours les délices de la littérature érotique arabe, et oui, ça existe, que les deux tourtereaux vont dessiner leur propre carte du tendre. Avec délicatesse et humour, la réalisatrice traite de thèmes très rarement abordés au cinéma pour ces personnages-là, le rapport au corps, l'injonction à la virilité et même l'échange sentimental par l'écriture.
Un triomphe d'Emmanuel Courcol
Kad Merad est acteur de théâtre raté qui pour boucler ses fins de mois, accepte d'aller monter une pièce en prison avec des détenus. Un triomphe est ce qu'on peut appeler un feel-good movie, tiré d'une histoire vraie qui s'est passée en Suède dans les années 80.
Non sans mal, faisant face aux réticences prévisibles des prisonniers, le personnage de Kad Merad parvient à les convaincre de jouer En attendant Godot de Samuel Beckett, à la découverte du texte, qu'ils enrichissent de leur verve, ces hommes vivent dans leur chair l'épanouissement que permet la culture, véritable sésame vers une forme de liberté, dans leur univers carcéral.
C'est grâce à Dany Boon qu'on a pu finaliser le financement du film.
Emmanuel Courcol
Jeu enthousiasmant de la troupe, fin surprenante, Un triomphe a tout pour séduire le public, pourtant le film a été très difficile à produire.
Laila in Haifa d'Amos Gitaï
Le réalisateur n'en finit pas d'ausculter la société israélienne dans toute sa complexité. Laila in Haifa n'est pas son meilleur film, il installe une froideur qui met les personnages à distance, mais bon, le charme finit par agir.
Dans une forme théâtrale, Amos Gitaï filme une longue soirée dans un bar-galerie d'art de la ville d'Haïfa, où se côtoient hommes, femmes, homos ou hétéros, juifs, arabes, israéliens, palestiniens. A partir du récit de cinq femmes, c'est une mini-société qui déploie ses désillusions, ses espoirs, dans un pays ou la frontière entre la vérité et le mensonge pénètre en profondeur le corps social.
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