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Cinéma week-end. "Serre moi fort", le mélo ésotérique de Mathieu Amalric

Le réalisateur de "Barbara" filme le cinéma mental déployé pour suvivre à la douleur de la perte.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Vicky Krieps dans "Serre moi fort" de Mathieu Amalric. (LES FILMS DU POISSON)

Serre moi fort est le 7e film de Mathieu Amalric et une fois de plus, il nous surprend par son audace formelle, ici en prenant le mélodrame pour en faire un labyrinthe visuel, mental et sensoriel. Quels processus met-on en œuvre quand il s'agit de survivre à la douleur de la perte ? La question est posée dans Je reviens de loin, pièce écrite par Claudine Galéa, mais jamais montée au théâtre et que Mathieu Amalric a eu le désir brûlant d'adapter au cinéma.

On est comme Clarisse, dans le déni, une forme de spiritualité que l'on s'invente.

Mathieu Amalric

Intuition géniale du réalisateur de Barbara, le personnage principal du film, Clarisse, se fait son propre cinéma mental pour supporter la réalité et Amalric nous montre les deux à part égale. Un matin, Clarisse abandonne mari et enfants, elle roule sans but précis et imagine la vie continuer sans elle. Séparation brutale ou tragédie pas encore révélée au spectateur, vous finirez bien par le savoir, il suffit de lâcher prise et de suivre les formidables interprètes que sont Arieh Worthalter et Vicky Krieps.

Boîte noire de Yann Gozlan  

Pierre Niney est un jeune acousticien du BEA, bureau d'enquête et d'analyse, chargé de décrypter la boîte noire d'un avion qui s'est crashé dans les Alpes. La piste terroriste est-elle la bonne ? Sur fond de corruption entre le BEA et des grosses entreprises de l'aéronautique, seul contre tous, obsédé par la recherche de la vérité, Pierre Niney mène sans relâche ce thriller efficace.  

La Nuit des rois de Philippe Lacôte 

La Maca est une immense prison surpeuplée, en pleine forêt près d'Abidjan en Côte d'Ivoire, et ce sont les détenus qui la dirigent. Le réalisateur en fait le décor central de son film, très théâtral, qui se passe le temps d'une nuit, entre documentaire, conte africain et envolées shakespeariennes.    

Un lieu dit impur comme la prison, peut produire de l'imaginaire, du poétique.

Philippe Lacôte

Barbe Noire, Steve Tientcheu, vu dans Les Misérables de Ladj Ly, est le chef vieillissant et malade de la prison. Pour maintenir son pouvoir, il renoue avec le rituel de roman : un prisonnier, ici un jeune homme à peine arrivé à la Maca, doit raconter une histoire jusqu'au lever du jour, au risque de sa vie s'il perd l'attention de son public. La Nuit des rois est aussi poétique que politique, autant joué que chorégraphié.                              

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