Cet article date de plus d'onze ans.

La guerre des taxis

Le monde des taxis est en mutation et les artisans, inquiets pour leur avenir, manifestent régulièrement dans les rues. Une affaire de concurrence, mais pas seulement.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

L'un des motifs de la colère des taxis est l'instauration d'un système d'appels d'offre
pour le transport des malades "assis ".
Or, cette activité représente pour certains chauffeurs, notamment en province, jusqu'à 80% de leur chiffre d'affaire. Les taxis ne sont pas armés pour affronter cette mise en concurrence.

Marc
Szperling
a créé en 1998 le premier   Salon des Taxis qui se déroulera les 9 et 10 février prochain. Les difficultés de la profession sont multiples : l'une d'entre elles est le manque de répartiteur national. La profession de taxi est représentée par plusieurs fédérations, alors qu'elle aurait besoin d'une structure commune. 

On compte près de 20.000 taxis en Île de France et 53.000 dans tout le pays. Ils peuvent être salariés, artisans indépendants, locataires ou encore coopérateurs comme au sein de Gescop (1.200 chauffeurs). Pour une fois, tous s'accordaient sur les raisons de la grève du 10 janvier dernier. 

Ces mises en concurrence pour le transport des malades visent à éviter les abus, mais elles favoriseront de fait, les grosses sociétés mieux armées que les artisans isolés.

Un deuxième sujet de mécontentement des taxis est la libéralisation des véhicules de transports à la demande, appelés VTC. Ces transporteurs effectuent quasiment le même type de prestation que les taxis, mais n'ont pas les mêmes contraintes légales.

Autre sujet de mécontentement , les moto taxis qui veulent, eux aussi, partager le territoire et les clients. Ils sont 400 en France, un effectif dérisoire par rapport à celui des taxis. Se faufilant dans les bouchons, ils
vendent du temps gagné et se sont rapidement professionnalisés.

Kaddour Addou est un chauffeur artisan affilié à Citybird, leader sur ce marché depuis sa création par Cyril Masson en 2003. Ingénieur de formation, ancien taxi, Kaddour Addou fait ce métier par pure passion de la moto. Les véhicules utilisés sont d'un grand confort pour le passager, en toutes saisons : jupe protectrice, siège chauffant, casque intégral avec micro pour communiquer avec le chauffeur, possibilité d'emporter un bagage cabine pour ceux qui s'apprêtent à prendre l'avion.

Les trajets centre-ville aéroport représentent encore la majorité, soit 45% des courses des motos taxis, contre 25% vers les gares. Mais le profil des passagers évolue : de plus en plus de femmes utilisent ce service.

Pour Cyril Masson, les motos ne sont pas concurrentes des taxis , elles offrent un service complémentaire. Travaillant surtout aux heures de pointe, le but étant de permettre au client de rester ponctuel malgré les embouteillages, les moto taxis s'arrêtent le week-end et pendant les vacances scolaires. Les tarifs pratiqués sont plus élevés que ceux des taxis traditionnels, ce qui ne saurait constituer une concurrence déloyale. Pourtant, des chauffeurs de Citybird ont été pris à partie lors des dernières grèves de janvier, ce que déplore Cyril Masson.

 

Le moral des taxis est en berne , mais ils se battent pour que les règles de concurrence
soient équitables. Les appels par
smartphone et géolocalisation feront immanquablement évoluer ce métier. Les taxis ne devront pas rater ce virage technologique et sans doute auront-ils besoin d'aide pour y parvenir.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.