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Le Salon Européen de la Mobilité

Le salon européen de la mobilité qui s'est déroulé cette semaine à Paris avait pour thème l'innovation au service des voyageurs.Toutes les grandes métropoles dans le monde sont confrontées aux mêmes défis : comment rendre les transports plus fluides, plus agréables, plus abordables alors que le trafic ne cesse d'augmenter.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
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Ce salon est organisé par le GIE Objectif Transport Public (une émanation de l'UTP (Union des Transports Publics et Ferroviaires, qui regroupe les professionnels du secteur) et du GART (Groupement des autorités responsables de transports) qui regroupe les élus français responsables des transports.

GIE Objectif transport public réunit l'ensemble des acteurs qui interviennent dans la chaîne des modes de transport : autorités organisatrices qui financent, les opérateurs qui exploitent, les industriels qui construisent et tous les métiers concernés. Son président **Bernard Soulage*** nous fait part de sa satisfaction sur le succès grandissant de ce salon et surtout sur la diversité et la qualité des exposants et des conférenciers.

Les innovations s'accélèrent aussi bien dans les véhicules que dans les services offerts aux passagers. J'ai ainsi pu au hasard des stands comprendre les déplacements du futur,par exemple :

  • L'information aux voyageurs : Elle est proposée partout; dans les véhicules, dans les stations ou directement sur les smartphones. Pour ces derniers, en étant géolocalisés, les voyageurs ont accès à toutes les informations et peuvent faire le choix du mode de transport le plus adapté pour aller d'un point à un autre avec les prix et les temps affichés.

    • La billettique : achats électroniques (sur Internet, par téléphone...) mais aussi des services offerts par les opérateurs : les paiements sans contacts type Navigo, se multiplient avec des offres d'accès aux musées ou spectacles, comme la région Île-de-France qui avec le STIF (Syndicat des transports d'Île de France) en coopération avec le CRT (Comité régional du tourisme) proposera bientôt un "city pass" qui offrira sur le même support un accès à plus de 100 musées ou activités de loisirs.
      Aux Pays-Bas, une même carte (développée par Thalès) donne accès à tous les transports sur l'ensemble du territoire. Un passager pourra-t-il accéder un jour aux transports en Rhône Alpes ou en Île-de-France avec le même titre de transport ? La compatibilité des systèmes, d'après Bernard Soulage, *prendra du temps, et coûtera cher.
  • Les matériels : après l'engouement des tramways, voici venir les "Tram-bus", un bus à haut niveau de service (BHNS) qui allie la flexibilité du bus et la régularité du tram. L'accès du voyageur à bord est facilité par l'absence de marche (niveau du quai adapté au bus) ce qui diminue les temps d'arrêts aux stations et augmente les capacités par la multiplication des fréquences. Leurs designs sont particulièrement soignés comme le tram-bus de la société belge Van Hool. Dirk Snauwaert, directeur de la communication, nous explique le succès de cette formule qui sera installé à Metz dès l'année prochaine.

Des motorisations seront proposés en hybrides et même à piles à combustibles dans un avenir proche (ce que propose déjà l'allemand Daimler).
D'ores et déjà on constate que le bus-tram coûte en investissement et en fonctionnement deux fois moins cher que le tram !

L'histoire nous rend modeste : en 1930, Paris et ses environs possédaient le plus vaste réseau européen de tramways avec plus de 1 000 kms de voies. Elles ont été détruites dans les années 50 pour réapparaître dans les années 90, et aujourd'hui, on a tendance à retourner vers le bus par le BHNS électrique : va-t-on redémonter les rails ?

Les transports urbains nécessitent également des véhicules légers. J'ai été impressionné par les innovations, notamment françaises, comme SAFRA qui propose un modèle nommé  "businova" étonnant par son design et sa motorisation hybride. Cette petite PME albigeoise a compris qu'elle tenait sa chance par l'innovation. Tout comme Gruault siégeant à Laval et son microbus électrique Bluebus.

Reste la question des tarifs qui varient d'une région à l'autre. En moyenne, le voyageur ne paie que le tiers du coût en transport urbain ! Pour Bernard Soulage, il faut revoir les systèmes de financements, car plus de 40 milliards d'euros sont investis chaque année en Europe.

La hausse du coût de la voiture participera au succès grandissant des transports en commun à condition, nous dit Bernard Soulage, "que l'on soit capable d'offrir des services de qualité en coûts, fréquences, confort... et des propositions multimodales qui vont du TGV au vélo en passant par le microbus, le tram-train et même le téléphérique !"

Des centaines de métiers, la plupart non délocalisables, concernent les transports publics (200 000 emplois directs en Europe et 160 000 emplois indirects rien qu'en France).
Les industriels qui conçoivent et fabriquent les machines, les exploitants mais aussi les aménageurs, urbanistes et designers qui eux réinventent la ville, sans oublier les énergéticiens qui doivent livrer plus propre et moins cher.

Le transports public est une industrie et un savoir faire français et européen qui exportent dans le monde entier. C'est aussi un art de vivre ensemble.

*Bernard Soulage est le co-auteur d'un livre qui vient de paraître aux édition de l'aube "Quel rail après 2012 ?"

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