Podcast
Allemagne : le complotisme à l’aube des élections

À l'approche des élections fédérales en Allemagne, l'ingérence d'Elon Musk, soutenant l'AfD, le parti d'extrême droite, a soulevé des inquiétudes quant à l'influence du complotisme sur le processus électoral. Cet épisode de Complorama explore cette situation ainsi que d'autres théories conspirationnistes en Allemagne.
Article rédigé par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Christine Anderson, députée de l'AfD, Elon Musk et Riener Fuellmich, figure du covido-complotisme. (GETTY IMAGES)

Elon Musk a apporté son soutien au parti d'extrême droite AfD, suscitant des réactions en Allemagne. Une influenceuse allemande, Naomi Seibt, a affirmé que l'Allemagne pourrait annuler les élections en cas de résultats défavorables pour l'AfD, en raison d'ingérences sur le réseau social X. Tristan Mendès France la décrit comme une "figure montante de la complosphère allemande et une militante active du parti d'extrême droite AfD". Rudy Reichstadt souligne que l'utilisation de X par Musk comme "machine de guerre politico-idéologique" pose un problème, bien qu'il ait le droit de soutenir qui il veut.

Selon Sébastien Baer, correspondant de Radio France en Allemagne, les Allemands qu'il a pu rencontrer étaient "tous, sans exception, choqués par ces interventions d'Elon Musk dans la campagne électorale. Ils étaient vraiment, même pour certains, sidérés".

"Les Allemands s'inquiètent qu'Elon Musk puisse influencer un certain nombre d'électeurs parmi les plus sceptiques et les encourager, les inciter à voter pour l'AfD, pour l'extrême droite allemande qui, rappelons-le, est quand même en très bonne position."

Sébastien Baer, correspondant de Radio France en Allemagne

à franceinfo

L'AfD et ses militants "relayent depuis le début, ça fait parti de leur corpus idéologiques, des théories complotistes liées au grand remplacement, au climat, covid ou sur la guerre en Ukraine du fait de leurs positions pro-russes classiques dans les milieux d’extrême droite", explique Tristan Mendès France.

Le Covid-19, moment fort du complotisme

La pandémie de Covid-19 a exacerbé les théories complotistes en Allemagne. Des manifestations contre les restrictions sanitaires ont rassemblé divers groupes, y compris des députés de l'AfD. La députée AfD Christine Anderson avait qualifié la pandémie de "gigantesque mensonge".

Dans les rangs des manifestants, des mouvements comme Hygiene-Demo ou Querdenken y figuraient. Sébastien Baer se souvient que "certains manifestants s'assimilaient à l'époque aux juifs persécutés à l'époque nazie, il y avait une forme de victimisation. Quelques-uns portaient d'ailleurs des badges en forme d'étoile juive avec l'inscription 'non-vacciné'."

Les "Reichsbürger" et la sédition

Un groupe d'extrême droite, les Reichsbürger (les "citoyens du Reich"), représente une autre facette inquiétante du complotisme. Ils ne reconnaissent pas la légitimité de l'État allemand et croient que l'Allemagne est toujours gouvernée par le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF), dissous en 1945. Sébastien Baer décrit comment les Reichsbürger avaient organisé un "coup d'État" et que les enquêteurs ont trouvé un "arsenal de presque 400 armes à feu".

Enfin, Tristan Mendès France souligne l'importance de la mouvance QAnon en Allemagne, affirmant que c'est "probablement le pays le plus touché en Europe".

Malgré leur caractère minoritaire, ces mouvances ont un impact significatif sur la société allemande. Tristan Mendès France met en garde contre le fait de négliger le complotisme en Allemagne, car "c'est le pays le plus peuplé et la première économie de l’UE et c’est le pays de l’Union européenne qui a la plus grande communauté QAnon". Rudy Reichstadt note "la similarité des enjeux politiques des deux côtés du Rhin, avec un national-populisme très dynamique qui se nourrit d'un complotisme polymorphe."

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.