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Les "citoyens souverains", de la contestation au complotisme
"On ne contracte pas", la phrase issue d'une vidéo a cumulé des millions de vues sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Sur cette vidéo, un couple d'automobilistes est arrêté par la gendarmerie des Hauts-de-France pour un contrôle routier. Le couple refuse de se soumettre à un test d'alcoolémie et explique, "Je ne contracte pas avec une société privée. Je n'appartiens plus à l'entreprise française présidence", explique l'homme. Pour justifier leur refus, ils affirment être "citoyens souverains", une mouvance complotiste qui refuse l'autorité de l'État.
Issus à la base d'une mouvance contestataire, les "citoyens souverains" refusent toute autorité établie. Il ne respectent pas les lois, ne paient pas leurs impôts et vont jusqu'à refuser l'utilisation de leur nom de famille… Pour se justifier, l'argument des citoyens souverains est qu'un secret serait gardé dans les hautes sphères du pouvoir : l'État serait en réalité une société privée, à laquelle ils ne veulent pas contribuer.
"L'argument généralement utilisé par les citoyens souverains, c'est que la République française a un numéro de SIRET, explique Rudy Reichstadt. Effectivement la France est enregistrée à l'INSEE car comme il l'explique, "cela permet de faciliter les interactions juridico-administratives." En résumé, "aucun complot à l'horizon".
En France, un projet de communauté dans le Lot
Une des figures les plus populaires du mouvement, c'est Alice Pazalmar. En 2019, elle crée One Nation, une mouvance basée sur les "citoyens souverains" avec une influence plus ésotérique. En 2020, sa popularité explose sur YouTube. Elle se filme notamment en train de brûler son passeport en guise de refus de l'autorité de l'État. "On est vraiment dans le cœur nucléaire de cette pensée de citoyens souverains, appuie Tristan Mendès France, elle va elle-même se qualifier d'être souverain."
Et la formule fonctionne. Alice Pazalmar va même "devenir une figure assez populaire dans la complosphère", raconte Tristan Mendès France. La créatrice de One Nation réussit même à lever 265.000 € pour acquérir 200 hectares dans le Lot. Le but, c'est d'y installer une véritable communauté de plusieurs centaines de personnes. Un projet qui n'aura finalement jamais vu le jour face à l'inquiétude des locaux.
Des violences à échelle mondiale
Du Canada à l'Allemagne, le mouvement des "citoyens souverains" est présent à travers de nombreux pays. A l'origine, ce mouvement complotiste est issu des Etats-Unis. Aujourd'hui, les estimations portent à 350 000 le nombre d'adeptes dans le pays. Des "sovereign citizens", notamment liés aux émeutes du 6 janvier 2021 au Capitole et à de nombreuses violences - parfois mortelles. De 1983 à 2020, vingt-sept policiers américains sont morts dans des affrontements armés avec des membres de la mouvance.
Rudy Reichstadt explique : "On voit que c'est une vision du monde qui conduit ceux qui l'adoptent à la désocialisation". "Il y a véritablement des vies brisées", affirme Tristan Mendès France. "Certains vont perdre leur permis de conduire, leur emploi, d'autres vont perdre leurs aides sociales. Bref, ils vont se faire broyer par leur propre croyance."
"Les citoyens souverains, de la contestation au complotisme", c'est le 66e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférences et membre de l'observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
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