Élections législatives au Japon : le Parti libéral-démocrate au pouvoir pourrait perdre sa majorité

Le scrutin se tient dimanche 27 octobre. C'est le tout nouveau Premier ministre, Shigeru Ishiba, qui a dissous la Chambre des députés dès son arrivée. Pourtant, son parti, pour l'instant majoritaire, n'est pas sûr de gagner.
Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
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Un panneau électoral pour les élections législatives anticipées au Japon, à Tokyo, le 25 octobre 2024. (FRANCK ROBICHON/EPA/AFP)

Le pays est en pleine campagne électorale, les Japonais éliront leurs députés dimanche 27 octobre 2024. Pourtant, le Premier ministre japonais a changé il y a à peine un mois et le calendrier peut sembler un peu illisible. S'il a changé récemment, c'est parce que le président du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir était arrivé en fin de mandat. Il ne s'est pas représenté, donc un autre, Shigeru Ishiba, a été élu président par les membres et militants du parti. Puis, dans la foulée, il est devenu quasi automatiquement Premier ministre. Mais, ce nouveau Premier ministre a dissous la Chambre basse, afin, prétendument de "donner la parole au peuple" pour débuter sur une base renouvelée de son mandat. C'est pour cela qu'il y a ce scrutin législatif anticipé. Les dissolutions ne sont pas rares au Japon, c'est l'inverse, il est rarissime que les députés fassent l'intégralité de leur mandat de quatre ans.

Le PLD, le Parti du Premier ministre, dominait actuellement la chambre des députés, mais si le Premier ministre dissout, il n'est sûr que son parti gagne à nouveau, c'est même le contraire. La politique au Japon a ses raisons qui défient les raisonnements logiques. Le PLD, qui est certes au pouvoir en quasi-permanence depuis 1955, a tout à perdre dans ce scrutin, parce qu'il est enferré depuis un an dans un énorme scandale de dissimulation d'argent provenant de dons déguisés de particuliers, d'entreprises ou d'organismes divers, argent non intégralement déclaré. Des lampistes sont poursuivis en justice, mais pas les élus. Ces derniers ont parfois été sanctionnés par le parti, mais sans que cela les empêche de se représenter.

Un scrutin qui peut déboucher sur une coalition

La population pourrait donc les sanctionner plus durement, même si elle se montre rétive au changement, comme l'explique Tomoaki Iwai, professeur émérite à l'Université du Japon. "Les électeurs sont anxieux à l'idée de confier le pouvoir à des partis inexpérimentés, dit-il. Cette élection peut donc déboucher sur des résultats pas très clairs où le PLD garderait de justesse la majorité ou pas". C'est donc un scrutin à fort enjeu et aux résultats très imprévisibles, ce qui est suffisamment rare ici pour être souligné.

Cette élection se tient alors que la situation économique du pays n'est pas bonne, l'inflation galope devant des salaires qui n'augmentent pas suffisamment, le PLD a aussi trop tardé face à la dénatalité et au déséquilibre démographique qui s'ensuit. Ce PLD très conservateur traîne des pieds sur des évolutions sociales telles que l'égalité des droits pour les minorités sexuelles, et une partie de la population regarde avec anxiété une politique diplomatique et de défense jugée de plus en plus à la botte des États-Unis. Pour autant, il n'y a pas de parti d'opposition suffisamment fort à lui seul pour emporter une majorité, donc on s'achemine vers une coalition, mais laquelle, là est toute la question. 

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