En Colombie, une chanson de reggaeton accusée de "sexualiser des mineurs"

La chanson "+57" comptabilise plus de 35 millions de vues sur YouTube. Elle a suscité de vives réactions, les artistes sont accusés de "sexualiser des mineurs et de faire l'apologie de la narcoculture".
Article rédigé par franceinfo - Najet Benraba
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un extrait du clip de la chanson "57". (CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE)

En Colombie, la polémique a fait tellement de bruit que les auteurs de la chanson +57, en référence à l'indicatif téléphonique du pays, ont dû changer les paroles. Il s'agit d'une chanson de reggaeton, de la musique urbaine qui mélange du dancehall avec des éléments de hip-hop latino. C'est un style musical très populaire en Amérique latine, mais aussi dans le monde. Les stars Maluma, J Balvin, ou Karol G, que l'on voit sur le clip, sont connues sur tous les continents. Mais cette dernière chanson est remise en cause, certains accusant les artistes de "sexualiser des mineurs et de faire l'apologie de la narcoculture".

C'est un des morceaux qui fait polémique, car ce qu'on entend dans cette chanson, c'est : "un bébé de dix-huit ans, entre dans la discothèque et vous ressentez son ki, comprenez son énergie. Bébé, je bois des shots pour toi". Mais ce n'est pas la version originale qui a été supprimée des plateformes musicales. Celle qui a été publiée en premier parlait "d'un bébé de 14 ans". Toute la chanson est liée à l'alcool, la fête et à la sexualité, et les critiques ont rapidement déferlé sur les réseaux sociaux. Ensuite, une députée a présenté une proposition de décret au Congrès qui stipulait que les auteurs de cette chanson devaient être formés sur l'importance du bien-être des enfants.

La lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs dans le pays

Le président Gustavo Petro a aussi réagi sur le réseau social X : "Dans chaque genre musical, il y a de l'art, mais aussi de l'ignorance", écrit-il. Cette ignorance, dont il parle, est celle concernant la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs dans le pays. C'est une lutte qui s'est endurcie depuis le début de l'année 2024 et l'arrivée du nouveau maire de Medellin, Federico Gutierrez, qui n'est autre que l'ancien candidat à la dernière élection présidentielle colombienne.

La ville de Medellin a vu exploser le phénomène depuis la fin de la pandémie. Le maire a lancé des campagnes de sensibilisation dans la ville et traqué des touristes étrangers jusqu'aux États-Unis lorsqu'ils sont identifiés comme des clients venus en Colombie pour des faveurs sexuelles de mineurs. Il a fait tellement de bruit que même le Congrès étudie de nouvelles lois pour alourdir les peines de prison et les condamnations. Mais il faut aussi noter que la prostitution n'est pas illégale en Colombie, à partir du moment où on est majeur. Pour les mineurs, on parle alors d'exploitation sexuelle et c'est illégal.

Ce sujet est devenu très sensible dans le pays et notamment pour la justice. En octobre 2024, pour la première fois, un touriste nord-américain a été condamné à la plus lourde peine jamais prononcée pour un délit d'exploitation sexuelle de mineurs. Il a écopé de 30 ans de prison pour avoir payé cinq mineurs pour des faveurs sexuelles. L'opinion publique est très sensible à ce thème et encore plus à Medellin. Depuis le lancement de la chanson la semaine dernière, elle comptabilise plus de 35 millions de vues sur YouTube.

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