Violences faites aux enfants : des ministres de 130 pays présents pour l'inauguration d'une conférence mondiale à Bogota
Jeudi 7 et vendredi 8 novembre, la ministre déléguée chargée de l'Enfance Agnès Cavagné sera présente à Bogota, en Colombie, parmi d'autres ministres issus de plus de 130 pays. Cette conférence, à l'initiative notamment de l'ONU, de l'Unicef et de l'Organisation mondiale de la santé, doit donner un cadre pour les dix ans à venir dans la lutte contre les violences faites aux enfants.
En dépit des cris du cœur de plusieurs associations en France qui plaident pour une reconnaissance accrue des violences sexuelles, notamment en ligne, ce phénomène exponentiel semble pour l'instant impossible à endiguer. Les chiffres, glaçants, sont difficiles à croire : en dix ans, les signalements de contenus pédocriminels en ligne ont augmenté de 6 000% dans le monde. L'an dernier, plus de 100 millions de photos et de vidéos à caractère sexuel impliquant des enfants ont été repérées. Un tsunami d'images que les autorités n'arrivent pas à endiguer, ni à faire supprimer par les géants du numérique qui hébergent les contenus.
D'où la nécessité d'un engagement au niveau mondial auquel aspire Mié Kohiyama. Elle sera présente à Bogota comme membre du Conseil mondial des survivants et insiste sur le rôle crucial des grandes instances : "Ces géants du numérique ont effectivement un pouvoir qui est immense. Alors nous, avec nos petits bras, on essaie d'obtenir des règlements européens, puisqu'on sait que l'Europe héberge 60% des contenus pédocriminels. Ça ne suffit pas, c'est une bataille extrêmement difficile." Elle voit en la conférence de Bogota une échéance décisive, qui elle l'espère apportera des réponses tangibles : "On souhaite que les gouvernements à Bogota s'engagent pour une meilleure régulation internationale, mondiale d'Internet, puisque ce sont des crimes sans frontières".
Éviter la double peine aux victimes de viol
La nécessité de réguler les contenus est d'autant plus précieuse que les victimes, dont les viols sont ensuite diffusés sur internet, vivent une double peine comme l'explique Mié Kohiyama : "Il y a deux aspects, c'est-à-dire que les victimes de viols dont les viols sont diffusés en ligne ont non seulement le traumatisme du viol, mais aussi du partage de ces viols, des images les plus intimes".
Et face à ces millions d'images, les services d'enquête ont l'impression de vider l'océan à la petite cuillère. La commandante Véronique Béchu est cheffe du pôle stratégique à l'OFMIN (l'office mineurs) et déplore le manque de moyens face au flux de contenus : "De toute façon, quel que soit le nombre d'enquêteurs qui sont spécialisés, on ne pourra pas faire face au tsunami, et le seul moyen d'avoir le temps de travailler sur les signalements et donc d'aller mettre en sécurité ces enfants et d'interpeller tous ces pédocriminels, c'est d'avoir le moins de victimes possibles et le moins d'individus qui puissent passer à l'acte."
Et pour cela, dit Véronique Béchu, il faut que cette conférence de Bogota aboutisse à des campagnes de prévention massives au niveau mondial, notamment auprès des familles. Aujourd'hui, la majorité des contenus pédocriminels en ligne sont en effet fabriqués à partir de photos partagées sur les réseaux sociaux par les enfants eux-mêmes, et par leurs parents.
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