Italie : ouverture du procès très attendu de l'auteur d'un féminicide qui a bouleversé le pays
En Italie, comme en France, une femme est tuée tous les trois jours, d'après les chiffres officiels. Fin 2023, un féminicide a accéléré la prise de conscience des violences faite aux femmes. Lundi 23 septembre 2024, à Venise, s'ouvre l’un des procès les plus attendus de l’année, celui de Filippo Turettan. Il comparaît pour le meurtre de son ex-petite amie, Giulia Cecchettin.
Le 11 novembre 2023, Giulia Cecchettin, étudiante en biomédecine à Padoue, dans la région de Venise, est portée disparue. Son corps sera retrouvé une semaine plus tard, portant des dizaines de traces coups de couteau. Son ex-petit ami avouera l’avoir tuée. Elle voulait mettre fin à leur relation, il ne le supportait pas.
"Créer une culture de la responsabilité"
Ce qui a marqué la population, c’est la jeunesse et l'apparente "normalité" de la victime et du tueur présumé. Ils avaient 22 ans tous les deux, étaient bien intégrés et ne présentaient pas d’antécédents. De fait, si tout le monde pouvait facilement s’identifier à eux, la famille de la jeune femme était intervenue pour dire que cette affaire concernait toute la société.
Alors que ces crimes sont souvent suivis d'une minute de silence, Elena, la sœur de Giulia, avait lancé un appel à la jeunesse, en l'exhortant à exprimer sa rage en "faisant du bruit". Dans les lycées, les universités, ce slogan "Faites du bruit" avait entraîné des manifestations très médiatisées. Quant au père, lors des funérailles de Giulia, il en avait appelé aux hommes : "Parlons aux autres hommes que nous connaissons, nous devrions tous être impliqués, diffuser le sens des responsabilités, écouter les femmes sans tourner la tête face aux signes de la violence, même les plus légers."
"Notre action à chacun est cruciale pour rompre le cycle de la violence et créer une culture de la responsabilité et de l'entraide".
Le père de Giulia Cecchetindéclaration le jour des funérailles
Depuis cet assassinat, Ariana Gentili, de l’association "Differenza Donna", a constaté une hausse du recours au numéro d’appel d’urgence national contre les violences faites aux femmes. Selon elle, le 11 novembre 2023 a marqué un point de basculement : "Nous sommes arrivés à 950 appels par jour, contre 150 auparavant. Ce chiffre est resté très élevé en novembre et décembre, et le phénomène est devenu structurel. Depuis janiver, nous recevons encore deux fois plus d'appels que l'an dernier à la même époque."
Après la mort de Giulia, la loi avait été modifiée pour accélérer le traitement de la prise en charge des femmes victimes, et de l’action de la justice vis-à-vis de leurs agresseurs. D’après Differenza Donna, il y a du mieux sur le premier volet, le second est difficile à évaluer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.