Lituanie : contestations autour de la coalition gouvernementale comprenant un parti populiste aux relents antisémites

L’accord a été signé lundi, entre les sociaux-démocrates, l’Union des démocrates de centre gauche et un parti populiste, dont le dirigeant est en procès pour propos antisémites. Sa participation est de plus en plus contestée, y compris par le président.
Article rédigé par franceinfo - Marielle Vitureau
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Le chef du parti populiste Nemuno Aušra Remigijus Zemaitaitis avec la cheffe du parti social-démocrate, le 11 novembre 2024. (PETRAS MALUKAS / AFP)

En Lituanie, après le dernier scrutin législatif, les sociaux-démocrates ont obtenu le plus de sièges au Parlement (52 sur 141). Ce parti soutient le président Gitanas Nauseda (indépendant proeuropéen), qui a triomphalement été réélu en mai 2024. Selon le principe de cette république parlementaire, leur victoire les charge de mener les négociations pour former la nouvelle coalition gouvernementale.

Lundi 11 novembre, ils ont donc scellé un accord avec l’union démocratique, une formation de centre gauche, mais aussi avec le parti populiste Aube sur le Niémen (le Niémen est le fleuve qui traverse la Lituanie) et son sulfureux leader Remigijus Zemaitaitis. Cet homme politique, bien connu là-bas, est député depuis 2009, mais il n’a créé son parti que cette année, en se présentant à l’élection présidentielle, où il a remporté près de 10% des suffrages.

Une personnalité controversée

Récemment, la Cour constitutionnelle a constaté qu’il avait violé la constitution pour publications antisémites sur les réseaux sociaux ; un procès est aussi en cours. Pour ne pas être destitué par le Parlement, il a préféré renoncer à son mandat pour ensuite pouvoir participer aux élections. Même si la présidente des sociaux-démocrates avait déclaré que ce parti populiste ne ferait pas partie de la coalition, il s’y trouve.

De nombreuses voix se sont pourtant élevées contre. À l’international notamment, à travers des partenaires allemands de la Lituanie (Berlin et Vilnius ont d’importants projets militaires ensemble), mais aussi en interne, de la part l’ancienne présidente lituanienne, de responsables politiques et d'intellectuels.

La Lituanie a perdu 95% de sa population juive pendant l’Holocauste. Pourtant, une partie de la population ne reconnaît pas encore l’histoire juive de la Lituanie comme la leur, ce qu’a encore constaté Vaidotas Beniusis, rédacteur en chef d’un grand média en ligne. Les propos du populiste Remigijus Zemaitaitis ne sont donc pas tabous en Lituanie.

Le président refuse de nommer des ministres appartenant à ce parti

Pour autant, la partie est engagée, mais pas terminée. Le président a dit qu’inviter ce parti dans la coalition était une erreur. Il a aussi assuré qu’il ne nommerait pas les candidats de ce parti au gouvernement. Trois ministères reviennent pourtant à Aube sur le Niémen, les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de la justice. De leurs côtés, les sociaux-démocrates ont tenté de rassurer en disant que l’antisémitisme n’aurait pas de place dans la coalition. Il faut maintenant attendre. Jeudi 14 novembre, les nouveaux députés se réunissent pour la toute première fois. Une manifestation d’opposition à ce parti est prévue.

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