L'Allemagne entre en campagne électorale, avec Elon Musk en invité surprise
C'est l'évènement politique de la semaine en Allemagne, alors que la plupart des partis lancent leur campagne pour les législatives du 23 février 2025. Si en France on peut s'étonner d'apprendre que le président du parti Reconquête Éric Zemmour (ainsi que son unique eurodéputée Sarah Knafo) est invité à l'investiture du président américain élu Donald Trump le 20 janvier 2025, Elon Musk organise, jeudi 9 janvier, une conversation en direct sur son réseau social X avec la cheffe de file de l'AfD, Alice Weidel.
C'est une tribune inespérée pour la dirigeante du parti d'extrême droite, qui bénéficie ces dernières semaines du soutien appuyé du multimilliardaire, qui s'est lancé dans une offensive politique particulièrement remarquée en Europe. Selon Elon Musk, l'AfD (Alternativ für Deutschland) est le "seul à pouvoir sauver l'Allemagne", la "dernière étincelle d'espoir" même, comme il l'a écrit dans une tribune accordée par le quotidien Die Welt, qui a fait largement réagir.
Une candidate d'extrême droite haute en couleur
Alice Weidel compte bien profiter de l'aubaine pour nourrir la dynamique de son mouvement, crédité de plus de 20% des intentions de vote dans les sondages. L'AfD est incontestablement le parti qui monte outre-Rhin, mais reste confronté à un isolement dans le paysage politique allemand. Aucun parti n'a cédé jusqu'ici à la tentation de s'allier au mouvement d'extrême droite.
Pour combien de temps ? La question agite le pays, et des voix émergent, notamment dans les milieux économiques, pour appeler à mettre fin à cette mise à l'écart. C'est le cas par exemple dans le monde de la tech, peut-être influencé par Elon Musk et possiblement séduit par le parcours d'Alice Weidel, ancienne de la finance (chez Goldman Sachs). Étonnant profil que celui d'Alice Weidel, appréciée de la Chine parce qu'elle parle mandarin, et figure d'un mouvement anti-immigration, anti-LGBT, et nationaliste, alors qu'elle réside en Suisse, mariée à une femme d'origine sri-lankaise... Elle doit être officiellement intronisée candidate ce week-end.
Olaf Scholz face au favori Friedrich Merz
Après avoir vu sa coalition imploser, Olaf Scholz a réussi à obtenir l'appui de son parti social-démocrate, le SPD, pour être candidat à sa propre succession. Mais celui qui entend conserver le pouvoir traîne son bilan comme un boulet, et fait l'objet d'attaques de ses anciens partenaires. Parmi eux, on trouve les Libéraux de Christian Lindner, l'homme qui a fait exploser le gouvernement (mais dont le parti atteint pour l'instant péniblement dans les sondages les 5% nécessaires pour pouvoir participer aux élections). On trouve aussi les Verts de Robert Habeck, ancien vice-chancelier, et ministre de l'Économie et du Climat. C'est un personnage assez charismatique, qui a lancé sa campagne cette semaine, mais dont le parti est boudé par les électeurs, sévèrement sanctionné dans les urnes lors des derniers scrutins.
Mais le grand favori pour diriger l'Allemagne s'appelle Friedrich Merz. Le candidat de la CSU-CDU caracole en tête des sondages autour de 30%. Mais il donne l'impression de ne pas convaincre totalement. Ce n'est pas un inconnu des Allemands, mais plutôt un revenant. Il a vécu pendant des années dans l'ombre d'Angela Merkel, au point d'abandonner la politique durant plus d'une décennie, en mal de popularité.
Du haut de son 1,98m, il se présente en redresseur d'une économie grippée, lui qui a travaillé pour Black Rock, le plus grand fond d'actifs au monde. Dans une campagne où les questions économiques s'imposent, avec l'immigration et l'Ukraine, il profite pour l'instant de la faiblesse de ses rivaux pour dominer la course, et dispose désormais de 45 jours pour séduire les électeurs.
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