Mort de Jimmy Carter, le "meilleur ancien président" américain

Jimmy Carter est mort à l'âge de 100 ans, après avoir instauré une hyperactivité diplomatique une fois parti de la Maison Blanche. Son unique mandat reste marqué par les accords de Camp David et la prise d'otage de l'ambassade américaine à Téhéran.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'ancien président Jimmy Carter le 6 février 2015. (LARRY BUSACCA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

C'est l'histoire d'un président qui a gagné le cœur de son peuple, une fois qu'il ne l'était plus. Jimmy Carter est mort à l'âge de 100 ans, dans la petite ville de Georgie qui l'avait vu naître en 1924, et la pluie d'hommages qui accompagne sa disparition, renvoie le paradoxe d'un président américain salué principalement pour ce qu'il a accompli après avoir cédé le pouvoir. Son seul et unique mandat, entre 1977 et 1981, reste pourtant marqué par deux épisodes qui ont une résonance toute particulière aujourd’hui : la crise des otages à l'ambassade américaine de Téhéran, et les accords de Camp David, entre Israël et l'Égypte.

Ces discussions ont lieu en septembre 1978, alors que l'État d'Israël n'est reconnu par aucun pays de la région, et que la guerre des six jours, puis la guerre du Kippour, ont vu les pays arabes se liguer contre les Israéliens. Avec sa force de conviction et son habileté, Jimmy Carter va devenir l'artisan du premier accord de paix conclu entre Israël et un pays arabe. Pour y parvenir, il réunit le président égyptien, Anouar al-Sadate, et le premier ministre israélien, Menahem Begin, à Camp David, une résidence de campagne des présidents américains, nichée en pleine forêt, à une centaine de kilomètres de Washington. C'est dans ce cadre champêtre, avec des délégations installées dans des chalets, à huis clos et loin des micros, qu'il parvient à mettre d'accord les deux hommes, après presque deux semaines de négociations marathon.

Soulignant "la vision et la volonté" des deux dirigeants, il obtient la reconnaissance par l'Égypte de l'État d'Israël, et le retrait du Sinaï, que l'armée israélienne quittera définitivement trois ans plus tard. Anouar al-Sadate le paiera de sa vie, assassiné en 1981, mais les termes de l'accord tiennent encore aujourd’hui, et ouvriront la voie à la poignée de main entre Arafat et Rabin quinze ans plus tard à Oslo. Les divergences profondes sur la Cisjordanie, Gaza ou le statut de Jérusalem, sont, elles, restées au cœur du conflit.

D'une réussite majeure à une humiliation

Jimmy Carter n'aura pas l'occasion de surfer sur le succès de ces négociations. En septembre 1978, alors que le Shah d'Iran, renversé par l'avènement de la République islamique, a trouvé refuge aux États-Unis, des centaines d'étudiants iraniens, fidèles à l'ayatollah Khomeiny, prennent d'assaut l'ambassade américaine à Téhéran. Carter doit annoncer, contrit, la fermeture de l'ambassade, et surtout la prise d'otage d'une cinquantaine de diplomates et d'employés, filmés les yeux bandés devant des drapeaux américains qui brûlent... L'épisode donnera le coup d'envoi de 40 ans de crise entre les deux pays, et contribuera à nourrir l'image de faiblesse et de naïveté qui collera longtemps à la peau de Jimmy Carter. D'autant que les négociations, entrecoupées d'une tentative de libération qui tournera au fiasco, aboutiront à la libération des otages le jour où le successeur de Carter, Ronald Reagan, prête serment pour devenir président.

Cet échec digéré, Jimmy Carter inventera une manière de faire la politique autrement, en émissaire et médiateur de paix, et en bâtisseur d'opérations humanitaires, financées par sa fondation. C'est ainsi qu'il obtiendra le Prix Nobel de la paix, en 2002, et le titre officieux de "meilleur ancien président américain", attribué par Time Magazine.

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