Tensions politiques et crise économique : l'Allemagne face au risque de panne

Alors que l'économie allemande est enlisée, et que le fleuron Volkswagen vient d'annoncer un projet inédit de fermeture d'usines et de suppression de milliers d'emplois, la coalition au pouvoir se déchire, et l'horizon du pays s'assombrit.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La sculpture "Hammering man" (l'homme martelant) sur une place de Francfort en Allemagne (photo d'illustration). (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

La scène illustre la rupture des figures de la coalition au pouvoir. Au lendemain du choc provoqué par les annonces du groupe Volkswagen sur un projet de fermeture d'usines et de massives suppressions d'emploi, les trois dirigeants des partis au pouvoir en Allemagne étaient chacun de leurs côtés.

Alors que le chancelier Scholz réunissait des acteurs de l'industrie, son ministre des Finances, vexé de ne pas avoir été convié, tenait une sorte de sommet parallèle, et le ministre de l'Économie, chef de file des écologistes et oublié des deux rendez-vous, déclarait "ne pas avoir besoin de sommet car [il] les gravit tous les jours". Ambiance. Un exemple de plus des profondes divisions qui agitent la coalition, menacée d'implosion avant même les élections prévues en septembre prochain.

Une économie à l'arrêt

Ces crispations politiques doivent beaucoup aux difficultés économiques persistantes de l'Allemagne. Après avoir vu son PIB reculer de 0,3% en 2023, le pays espérait une reprise qui ne se profile toujours pas à l'horizon. Fragilisée par une consommation très faible et par des commandes étrangères qui ont ralenti sous le poids de l'essoufflement de l'économie chinoise, un partenaire majeur, la croissance allemande "patauge dans le marasme", constate froidement un expert, qui prédit pour 2024 une nouvelle contraction de la première économie d'Europe.

Bientôt trois ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, l'industrie allemande paye toujours un lourd tribut à la flambée des prix de l'énergie, et ne parvient pas à relever la tête. Symbole de cette crise, le groupe Volkswagen, qui a confirmé en début de semaine envisager la fermeture de trois usines et la suppression de dizaines de milliers d'emplois. Il faut mesurer l'onde de choc que représentent ces annonces dans un pays où "VW" est bien plus qu'une entreprise.

Volkswagen, un emblème de réussite

La firme emploie 120 000 personnes en Allemagne où des villes entières vivent au rythme du moteur de la voiture du peuple, dont le logo est un emblème de puissance et de réussite. Volkswagen, c'est aussi un modèle social, avec un accord d'entreprise qui garantissait l'emploi des salariés depuis 30 ans, et qui a été révoqué à la rentrée de septembre par la direction, ouvrant la voie à un conflit social inédit alors que l'entreprise n'a jamais fermé une usine allemande dans son histoire.

D'âpres négociations vont commencer, et plus largement, le puissant syndicat IG Metall vient d'appeler près de 4 millions de salariés de la métallurgie à des "grèves d'avertissement" à partir de mercredi 30 octobre. Mais sur l'automobile comme sur l'industrie, les partis de la coalition prônent, là encore, des solutions opposées. Entre risque de panne sèche et problème de direction, voilà l'Allemagne au bord de la sortie de route.

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