États-Unis : comment une chaise pliante devient un symbole de lutte contre le racisme

Le 5 août dernier, sur l’un des quais qui longe le port de la ville de Montgomery en Alabama, un capitaine de bateau noir, Damien Pickett, est agressé par un groupe de personnes blanches. C’est alors que des passants, majoritairement afroaméricains, volent au secours du capitaine agressé. Parmi eux, un homme d’un certain âge est armé… d’une chaise pliante. L’agression vire à la bagarre, dont la chaise pliante sort victorieuse et elle se transforme alors un véritable symbole.

Une agression sur un lieu symbolique

Il faut préciser que l’agression du capitaine noir a eu lieu sur le quai où les Africains, capturés dans leur pays, arrivaient en bateau pour être vendus comme esclaves. C’est aussi là, à Montgomery, que Martin Luther King, dont on célèbre en ce moment le 60e anniversaire du célèbre discours, avait lancé un boycott des bus pour s’opposer à la ségrégation raciale dans les transports publics. Boycott qui avait d’ailleurs mené à l’abolition de cette ségrégation. 

La chaise pliante est donc devenue un symbole de résistance contre les agressions racistes, car les vidéos de cette agression qui a dégénéré en bagarre générale ont circulé partout sur les réseaux sociaux.

Avec le hashtag #montgomerybrawl, la "bagarre de Montgomery", la vidéo cumule des millions de vues sur les réseaux sociaux mais aussi aux journaux télévisés. Depuis, la chaise pliante se décline en objets dérivés. On trouve désormais des boucles d’oreilles, des mugs et même des sacs à mains à l'effigie de la chaise pliante. Certains Américains s'en font même tatouer sur la peau, d’autres s’amusent à se mettre en scène avec des chaises pliantes dans des salles de boxe, ou font semblant de faire du trafic de chaises pliantes.

Une chanson intitulée Montgomery Brawl a déjà vu le jour et a provoqué des centaines de milliers d'écoutes. Bref la chaise pliante ne sera pour certains plus jamais vue comme un banal objet du quotidien, mais comme un symbole du droit à l’autodéfense, si cher au pacifiste Martin Luther King.