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Dans la peau d'une Atsem en grève

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.

Article rédigé par franceinfo - Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mobilisation des Atsem, place du Capitole à Toulouse, en mars 2022. (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS)

Je suis une Atsem et, vous allez voir, la liste de mes missions est bien longue. Mais, d’abord, est-ce que vous savez ce que c'est une "Atsem" ? C'est un agent territorial spécialisé des écoles maternelles. En clair, c’est la mairie qui me paie : je ne fais pas partie de l’Éducation nationale. D’ailleurs, si la loi prévoit que toute classe maternelle doit bénéficier des services d'un agent municipal, il n'y a pas de temps de présence obligatoire. Et donc, souvent, il n'y a pas une Atsem par classe. C’est d’ailleurs l’une des revendications de notre grève d'aujourd'hui.

>> "On n'a rien, aucune reconnaissance depuis des années" : les Atsem en grève lundi pour des salaires revalorisés

Ce que nous demandons surtout, c’est de la reconnaissance... et pas seulement celle des enfants qui nous adorent et nous appellent "maîtresse", quand leurs parents nous considèrent souvent comme des agents d’entretien. Mais ce n’est pas de leur faute aux parents car, c’est un fait, notre métier n’est ni connu ni reconnu.

En 2018, Emmanuel Macron avait salué notre travail en 2018 et avait même parlé de nous comme d'"un trésor dont ne saurions nous passer". Quatre ans plus tard, le trésor gagne toujours un peu moins que le Smic en début de carrière. Aujourd'hui, nous faisons officiellement partie de l’équipe éducative mais c’est bien normal. C’est moi qui soigne les bobos et console les gros chagrins, une serpillière toujours à portée de main pour les accidents de pipi. Ces accidents devenus bien trop nombreux depuis que l’école est obligatoire à 3 ans.

Journées de 9 heures non-stop

Il y a aussi les objectifs éducatifs : diriger les petits groupes, expliquer les consignes, aider les enfants à tenir leur crayon en classe et leur fourchette à la cantine… Bref, des journées de 9 heures non-stop, avec une pause de vingt minutes le midi souvent impossible à prendre. Et, pendant les vacances scolaires, je continue de ranger, trier et remettre les classes en place. 

Je vais vous confier un secret. Évidemment, je soutiens mes 50 000 collègues appelés à faire grève et espère que, cette fois, nous serons entendus. Mais, moi, je m'apprète déjà à rentrer en classe, première arrivée. Avec la rentrée que nous avons eue, je n’ai pas eu le courage d’abandonner l’enseignante. Il faut de la solidarité pour ne pas baisser les bras, alors qu'on nous en demande toujours plus, pour de petits enfants avec de grands besoins. En tous cas, je vous remercie de m'avoir permis de mettre en lumière mon métier. À défaut d'être enfin reconnus, nous serons peut-être un peu mieux connus.

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