Dans la peau de l'info. Carburants : ce que vous ne saviez peut-être pas sur le baril de pétrole
Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.
Alors que les pays pétroliers ont décidé de réduire leur production, je suis plus que jamais surnommé "l'or noir". Car si on parle de moi tout le temps, au fond personne ne me connaît vraiment, moi, le baril de pétrole, lourd de mes 159 litres de "brut", vous voyez c’est précis.
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Mais tous les pétroles ne se valent pas, certains sont plus lourds que d’autres, ou moins faciles à raffiner …C’est pour cela que je ne suis pas toujours coté pareil sur les marchés et que je peux être Brent ou WTI. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que je suis une unité de mesure utilisée depuis plus d’un siècle et demi et qui n’est pourtant toujours pas officielle. Même si c’est moi qui sert à acheter, échanger ou mesurer les quantités de pétrole produites. Alors, on aurait pu parler du pétrole en en tonnes ou en litres, des notions à peu près compréhensibles pour tous, mais c’est moi le baril que les pétroliers ont choisi.
1859
Et c'est surtout un choix historique. Si vous lisiez Lucky Luke quand vous étiez petit, vous vous souvenez peut-être du Colonel Drake, cet entrepreneur américain connu pour avoir foré le premier véritable puits de pétrole, à Titusville, en Pennsylvanie, le 27 août 1859. Comme dans la BD, sa découverte entraîne alors une ruée vers l’or noir aux États-Unis, et la naissance de l’industrie pétrolière. C’est là que j’interviens
Pour conserver le pétrole, les producteurs utilisent alors des barils de bois ayant auparavant servi à conserver du poisson, de la bière ou du whisky. Certes, évidemment ça fait belle lurette que ces vieilles barriques ne sont plus en circulation et que mon pétrole est transporté en oléoduc ou en citerne, mais, moi, le baril comme unité de mesure je suis toujours là.
Loin d'être épuisé
Et depuis, le monde entier a le regard tourné vers votre prix. Car si pas grand monde ne connaît mon histoire, tout le monde connaît ma valeur : de moins de 20 dollars en 1999, j’ai atteint des sommets à 140 dollars avant de redescendre à mon prix actuel, un peu moins de 100 dollars. Pas assez visiblement pour les pays producteurs de l’Opep, qui viennent de resserrer les vannes.
Deux millions de barils en moins, c'est une (nouvelle) mauvaise nouvelle pour les automobilistes déjà étranglés par l’inflation. Mais pas grand-chose pour la planète qui se réchauffe au regard de mes 100 millions de barils quotidiens, loin d’être épuisés. Comme le disait un ancien ministre saoudien : "Comme l’âge de pierre n’a pas pris fin par manque de pierre ; l’âge du pétrole ne prendra pas fin par manque de pétrole."
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