Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir de la Route du Rhum
Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.
Voilà une course mythique en pleine crise existentielle qui se demande si elle n’a pas perdu son âme. Avant le départ de la Route du Rhum, pour sa 12e édition, dimanche 6 novembre, il y a toujours des questions qui se posent. Courue tous les 4 ans entre fin octobre et début novembre, elle traverse l’Atlantique l’esprit solitaire, naviguant et transportant des valeurs d’autonomie et de contact avec les éléments. Une folle équipée exigeante où se côtoient la nuit noire et parfois la peur pour les 138 coureurs cette année au départ, dont seulement sept femmes. Et dire qu’ils étaient 36 à l’origine en 1978.
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Cela fait quarante ans que cette Route du Rhum est le théâtre d’aventures marines et d’exploits, mais aussi de drames. Les raisons, sans doute, de ce vent en poupe, plus que jamais : cette année, mon village de 70 000 mètres carrés à Saint-Malo attend la visite de deux millions de visiteurs, épatés par cette course de tous les records, dont le dernier est détenu par Francis Joyon, vainqueur en 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes.
Sauf que la route du Rhum voit le vent, malheureusement, en train de tourner. Et ce sont les skippeurs eux-même - François Gabart, Francis Joyon ou encore Isabelle Autissier - qui ont soufflé sur les voiles pour la faire virer de bord. Dans une tribune dans le journal l’Equipe, ils déclaraient que "Notre sport magnifique doit changer", sur fond de transition écologique et d'égalité sociale. Un comble pour une course symbole de symbiose entre l’homme et les éléments naturels de l’océan.
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Mais c’est un fait : en 2018, la course a libéré dans l’atmosphère environ 145 000 tonnes d’équivalent Co2, en partie à cause des bateaux construits juste pour l’occasion dans des matériaux issus du pétrole, mais aussi à cause des centaines d’autres qui accompagnent mon départ, brûlant des dizaines de milliers de litres de carburant en quelques heures. Mais, au fond, ce que dénoncent les skippeurs, c’est aussi tout le business qui entoure la Route du Rhum désormais : une taxe marine pour embarquer sur les vedettes, des tickets coupe fil à 6 euros pour traverser le village, un port privatisé le temps de l’évènement…Un naufrage pour des marins fous de liberté et d’aventure.
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