Éducation : délation, rumeurs, ambiance de cour de récréation ... Les dérives des groupes WhatsApp de parents d'élèves

Les conversations entre parents d'élèves ont tendance à se faire l'écho de rumeurs allant jusqu'à ruiner la réputation de professeurs.
Article rédigé par Sarah Calamand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les groupes WhatsApp des parents d'élèves sont bien souvent sans filtres. (HTTPS://IMAGEBROKER.COM/9471762)

Ils peuvent être intitulés "5eB" ou "parents de la 6e7" et sont devenus presque incontournables sur les smartphones des parents. Dans ces groupes WhatsApp censés faciliter la circulation d'informations entre l'école et la famille, on pourra trouver des remarques sur le ton inapproprié d'un professeur ou sur le nombre d'absences d'un autre, souvent sur la base de ce que rapportent les élèves, comme le relate Le Figaro.

La modération n'étant pas possible sur l'application, l'académie de Grenoble classe WhatsApp dans les plateformes à proscrire pour échanger en milieu scolaire. Pourtant, ces conversations sont, pour les parents, une source d'information directe et accessible, puisque 91% des utilisateurs de l'application sont membres d'au moins un groupe selon une étude de l'Ifop, publiée en mars 2023. 

Des messages sans filtres

Pourtant, les dérives sont légion, entre accusations de racisme à l'encontre d'enseignants sur la base de propos rapportés par des élèves, qui finalement ne se révèlent être que des rumeurs, et délation entre parents. Cette ambiance de cour de récréation peut avoir un effet dévastateur sur la réputation d'un professeur ou d'un établissement. Certains parents, médusés par cet amas de messages sans filtres, en plus du nombre parfois impressionnant de notifications, quittent ces conversations. Même les fédérations de parents d'élèves, des représentants élus, peinent à les gérer.

Ce tableau noir est toutefois à nuancer, quand ces conversations permettent de dénoncer de vraies situations de harcèlement ou de comportements abusifs. En Espagne, un groupe WhatsApp de parents d'élèves de Barcelone est à l'origine du mouvement "Adolescence sans mobile" pour l'interdiction du téléphone portable avant 16 ans, qui a réussi à capter l'attention du gouvernement. 

Mais plutôt que de faciliter les échanges, certaines de ces conversations ressemblent de plus en plus à une section commentaires sur Internet, où les internautes se lâchent, oubliant qu'ils parlent d'humains à d'autres humains. À l'heure où le temps passé par les jeunes sur les écrans inquiète jusqu'à l'Élysée, les parents ne montrent pas l'exemple.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.