Arnaud Assoumani : "Je suis fier de participer à mes sixièmes Jeux, de porter des messages et des valeurs pour changer le regard sur le handicap, la différence et l'égalité, au sens large"

Chaque semaine, Théo Curin embarque dans son taxi des championnes et des champions liés aux Jeux de Paris 2024. Voyage ici en compagnie du champion paralympique de saut en longueur Arnaud Assoumani.
Article rédigé par Fabrice Rigobert, Théo Curin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Cette semaine, le para-athlète Arnaud Assoumani, champion de saut en longueur et de triple saut, est l'invité de Théo Curin. (ANNE BAYARD)

Demain les Jeux est un rendez-vous en partenariat avec France 3, dans le cadre de l'émission Aux Jeux, citoyens ! Le vice-champion du monde de paranatation, Théo Curin, devient Théo le Taxi, et embarque dans sa voiture une personnalité ou un champion, en lien avec les Jeux de Paris 2024. Il est aujourd'hui en compagnie du champion de saut en longueur Arnaud Assoumani. Une expérience que Théo Curin raconte à Fabrice Rigobert.

franceinfo : Voilà un athlète, Arnaud Assoumani, qui a déjà participé à cinq olympiades ?

Théo Curin : Oui, et lorsque je regarde son palmarès, j'ai tendance à m'y perdre : cinq médailles au compteur olympique dont un titre en or à Pékin en 2008, avec un saut à 7 mètres 43, double médaillé d'argent à Londres, médaillé de bronze à Athènes et à Rio. Il possède une immense armoire à médailles, chez lui ! Et il m'a confié être tombé amoureux de l'athlétisme très tôt :

"J'ai commencé réellement à l'âge de 11 ans, mais mon premier contact a été via la télévision. J'avais cinq ans, je regardais l'athlé à la télé, dans le canapé avec mes parents. J'étais fasciné par l'esthétisme du saut, un truc irrationnel, j'avais l'impression que les athlètes volaient. Je me retourne vers mon père et je lui dis que je ferai un jour les Jeux olympiques. Mon père a été dans la cuisine pour pleurer." Il pensait que son fils, né sans avant-bras, ne pourrait jamais accéder à un tel niveau. Arnaud a découvert le monde paralympique en 2003 avec, très vite, le niveau pour être dans les trois meilleurs mondiaux.

Du statut de spectateur à celui d'acteur, Arnaud Assoumani est donc devenu compétitif en para-athlétisme, mais aussi chez les valides ?

En effet, il a réussi à obtenir une médaille en championnat de France indoor. Pour vous le présenter un peu, Arnaud a un bras amputé. Et alors que vous, vous avez sûrement une armoire remplie de vêtements ou de chaussures, Arnaud et moi, nous avons des armoires remplies de prothèses. Certaines lui servent pour tous les jours, d'autres pour la compétition :

"Celle-ci est ma prothèse de course. C'est un prototype où on a travaillé beaucoup sur l'emboîture, là où je positionne la prothèse. Avec cette autre, je peux mettre une barre jusqu'à 300 kilos. J'ai aussi celle-ci, qui est hyperarchitecturale, très dynamique." Arnaud avait apporté ses différentes prothèses pour me les montrer.

Vous avez aussi parlé des Jeux de Paris. Arnaud Assoumani aura 39 ans début septembre. C'est presque un vétéran ?

Oh non, non ! Vous savez, Fabrice, le sport n'a pas d'âge. Arnaud Assoumani balance entre désir de performer et souhait de prouver qu'il faut croire en soi, en ses rêves, quelles que soient les difficultés : "Je suis fier de participer à mes sixièmes Jeux paralympiques, de représenter la France, et de pouvoir porter des messages et des valeurs : changer le regard sur le handicap, la différence, l'égalité, au sens large. On peut avoir une tribune et être la voix de personne qu'on entend jamais."

Vous le voyez champion paralympique à Paris ?

Je pense qu'il y a toujours une petite place dans son armoire pour une médaille supplémentaire, celle des Jeux de Paris 2024. Je le vois briller, oui, il a une forte expérience. Et pourquoi pas porte-drapeau ? Je suis certain qu'il va nous faire rêver.

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