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Au Brésil, un fossile de dinosaure prélevé illégalement est réclamé au musée allemand qui l'a récupéré

Pour les scientifiques brésiliens, ce fossile de dinosaure a quitté le pays d'Amérique du Sud illégalement il y a 25 ans, mais ils n'ont découvert son existence qu'avec la publication d'une étude en 2020.

Article rédigé par Anne Vigna
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un paléontologue sur un site de fouilles a la recherche d'ossements et d'oeufs de dinosaures. (Photo d'illustration) (SERGE GUEROULT / MAXPPP)

Au Brésil, une histoire a enflammé les réseaux sociaux et en particulier ceux du musée d'histoire naturelle de Karlsruhe en Allemagne qui ont été bombardés du hashtag #UbirajarabelongstoBR : "Ubirajara appartient au Brésil". Ubijara est le nom d’un fossile du dinosaure Ubirajara jubatus, qui a été sorti illégalement du Brésil en 1995 pour l'Allemagne.

Ce qui indigne les Brésiliens au départ est qu’ils ignoraient l’existence même de ce fossile comme c’est souvent le cas dans les détournements (certains parlent de vols) de patrimoine artistique et scientifique. Ce fossile a quitté le Brésil illégalement il y a 25 ans et les scientifiques brésiliens n'ont découvert son existence du fossile qu'en 2020, lorsqu'une étude a été publiée sur ce fossile, révélant son existence. Il se trouve que c’est une pièce d’une valeur inestimable, un dinosaure qui aurait vécu il y a 110 millions d’années.

Les paléontologues brésiliens ont donc pris contact avec leurs collègues allemands pour demander le rapatriement du fossile il y a un an et à leur grande surprise, les Allemands refusent dans un communiqué laconique qui dit que le fossile appartient bien à l’Allemagne. Pour les scientifiques brésiliens, leur pays perd beaucoup en n’ayant pas ces spécimens à la maison. "Il y a une série de bénéfices directs et indirects qu’un pays peut avoir en possédant ce matériel, explique la paléontologue Aline Ghilardi.

"D’abord, il y a un bénéfice scientifique et puis en étant exposé dans un musée, ce matériel attire des financements, du public et donc de la billetterie. Il crée donc une richesse pour ce pays en plus de la richesse scientifique et éducative."

Aline Ghilardi, paléontologue

franceinfo

 

La partie semble perdue pour le Brésil. Le parquet brésilien a lancé tout de même une procédure mais elle peut prendre des années. La campagne sur les réseaux sociaux a marché au-delà de leurs espérances car le public a vraiment adhéré mais le musée de Karlsruhe efface tout simplement tous les messages.

Ce qui étonne les Brésiliens, c’est l’attitude de leurs collègues allemands. La France a bien meilleure réputation car il y a aussi des fossiles brésiliens dans l'hexagone qui seraient sans doute arrivés de manière illégale. "Je crois sincèrement que si cela s’était passé avec un musée français, ça aurait été bien plus facile, explique la paléontologue Aline Ghilardi. De fait, une étude a été publiée récemment sur un fossile venant de la même région brésilienne et qui est aujourd’hui dans un musée français. Nous avons aussi des soupçons sur la manière dont il a quitté le Brésil de façon illégale. On a contacté immédiatement les chercheurs du musée et ils se sont montrés tout de suite proactifs pour permettre un retour diplomatique." Ce musée est celui de Colmar, donc proche de l’Allemagne et qui a sans doute eu vent de l’histoire du musée de Karlsruhe.

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