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Au Chili, les habitants de l'île de Pâques réclament au British Museum la restitution d'une de leurs statues

Le territoire chilien veut récupérer le géant de pierre, embarqué il y a 150 ans par un officier britannique pour être offert à la reine Victoria.

Article rédigé par Justine Fontaine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Hoa Hakananai'a", un des moais de l'île de Pâques, exposé au British Museum. (JAMES MILES CC BY-SA 4.0 VIA WIKIMEDIA COMMONS)

L'île de Pâques veut récupérer l'une de ses plus célèbres statues. Les autorités de Rapa Nui, le nom polynésien de ce territoire chilien du Pacifique, ont obtenu pour la première fois l'appui du gouvernement chilien pour demander officiellement au British Museum de Londres de rendre un moai, une grande sculpture en pierre volcanique offerte à la reine d’Angleterre par un explorateur britannique, au milieu du XIXe siècle.

Du troc remis en question

Cette statue, datant plus de huit siècles, haute de 2,40 mètres, est unique. Au dos de ce moai se trouvent des inscriptions liée au culte de l'homme-oiseau, une divinité adorée par le peuple de l’île, les Rapanui. Et on ne les retrouve sur aucune des autres statues, près de 900, présentes sur l'île de Pâques. Quand l'officier de a marine britannique qui a rapporté ce moai est arrivé sur place, en 1868, cette statue était placée à l'entrée d'un site religieux, et il l'a achetée en la troquant contre d’autres objets. Un échange remis en question aujourd'hui par les autorités de l’île de Pâques, qui n'étaient à l’époque pas en mesure de négocier.

L'île de Pâques a déjà formulé cette demande de restitution au British Museum. Ces dernières années, de nombreux pays dans le monde ont demandé à de grands musées internationaux de rendre des pièces importantes qu'ils détenaient. Des demandes faites au nom de la récupération du patrimoine national et parce que, dans beaucoup de cas, les pièces avaient été usurpées lors d'expéditions coloniales.

Pour le retour du moai, le site a été amélioré

Quand les autorités de l'île de Pâques ont fait leur première demande au British Museum en 2016, la direction avait alors répondu que les conditions n'étaient pas réunies sur l'île pour assurer la bonne conservation de cette pièce unique. Mais aujourd'hui, le site où se trouvent la plupart des moais est beaucoup mieux entretenu. Et les autorités de l'île proposent de mettre à disposition leurs meilleurs artisans pour confectionner une nouvelle statue qu'ils offriraient au British Museum pour compenser leur perte.

On estime qu'il existe une dizaine de moais répartis dans différents musées internationaux, dont le musée du quai Branly - Jacques Chirac à Paris. Et d'ailleurs les autorités de l'île de Pâques, qui dépend du Chili mais se trouve à 3 500 kilomètres du continent, demandent à plusieurs musées chiliens de rendre les moais qu'ils exposent, notamment à Viña del Mar, à 100 km de la capitale Santiago. Les habitants de l'île soulignent que la statue, exposée devant un musée de cette ville balnéaire représente leurs ancêtres. Mais selon la direction du Museo Fonck, elle a été offerte par les Rapanui, et elle risquerait d'être endommagée si elle était déplacée.

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