Au Chili, une Commission alerte sur les dangers de la surpêche et du dérèglement climatique pour les écosystèmes de l'Antarctique
À Santiago, capitale du Chili, s'achève ce vendredi 23 juin le travail de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique. Le continent blanc abrite en effet des espèces qui ne vivent nulle part ailleurs et ses habitats gelés permettent de réguler le climat de la planète entière. Cependant, le réchauffement climatique et la surpêche menacent ces équilibres.
L’objectif de cette commission est donc de définir des zones marines protégées, pour préserver la végétation et les animaux, notamment le krill. Ce petit crustacé de six centimètres habite dans les eaux glaciales de l’Antarctique. Malgré sa petite taille, il est fondamental dans la chaîne alimentaire selon Rodolfo Werner, spécialiste de la faune sauvage de l’extrême sud de la planète. "Toutes les espèces qu’il y a dans l’Antarctique, dans les airs, sur terre ou dans l’eau dépendent du krill, car elles en mangent toutes, explique-t-il. Ou alors elles s’alimentent d’espèces qui elles-mêmes se nourrissent de krill."
Lutter contre la surpêche
La Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique, réunie cette semaine dans la capitale chilienne, souhaite créer un réseau d’aires marines protégées pour faire face à la surpêche. Car en Antarctique, une grande quantité de krill est pêchée, notamment par des navires russes.
>> Surpêche : l'Union européenne s'accorde pour muscler les contrôles et améliorer la traçabilité
À cela s'ajoute un problème de taille. Depuis plus de dix ans, la Russie et la Chine bloquent les avancées pour la création de ces aires marines. La Commission, composée d’une vingtaine de pays et des membres de l’Union Européenne, essaye d’établir des zones interdites à la pêche dans l’Antarctique. Initiative qui demeure infructueuse puisqu’il faut l’accord de chaque pays membres, or la Russie et la Chine s’y opposent. Les deux puissances ont en effet des intérêts économiques dans ces eaux.
L'impact du réchauffement climatique
Le dérèglement climatique représente également un lourd danger pour les espèces de l’Antarctique. La fonte de la banquise menace en effet le krill. C'est pourquoi il faut impérativement contenir l'augmentation des températures, insiste le spécialiste Rodolfo Werner :"Il se nourrit d’algues qui sont collées à la banquise. Si la banquise se réduit, il y a moins d’algues et donc moins d’aliments disponibles pour le krill. Ce qui entraîne une diminution de ce crustacé à cet endroit."
Outre le krill, la nageuse de l’extrême Bárbara Hernandez peut aussi témoigner de l'augmentation des températures dans les eaux antarctiques. En février 2023, la Chilienne a inscrit un record dans le Guinness pour avoir traversé une partie de l'océan Austral. "L’eau à 2° dans laquelle j’ai nagé était plus chaude que ce que nous espérions, relate la nageuse. Et cela a une relation directe avec tous les écosystèmes de l’océan Antarctique."
Cette année, le Chili et l’Argentine poussent les discussions pour créer trois zones marines protégées en Antarctique, soit 4 millions de kilomètres carrés. Ces espaces représenteraient ainsi 1% du total des océans de la planète.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.