Au Liban, l'enceinte construite pour protéger le Parlement a été surnommée le mur de Berri-lin par les manifestants
Les Libanais ont choisi ce nom en référence à Nabih Berri, le chef du Parlement.
Après plus de 100 jours de mobilisation, la contestation sociale se poursuit au Liban. Les Libanais protestent contre l'ensemble de la classe dirigeante, accusée de corruption et d'incompétence. Les manifestants s'illustrent par leur résilience, leur créativité et leur humour.
Les Libanais ont trouvé un surnom à Nabih Berri, l'indéboulonnable président du Parlement depuis 30 ans. Ils l'appellent le Mur de Berri-lin alors qu'il incarne cette caste de dirigeant accusés de clientélisme, de corruption par les milliers de Libanais mobilisés depuis octobre. Il est même devenu l’une de leurs bêtes noires, parce qu’à plusieurs reprises, des hommes de son mouvement ont attaqué des manifestants. La police du Parlement, qui est sous ses ordres, a aussi réprimé des rassemblements pacifistes aux abords de l’Assemblée libanaise.
Le bâtiment est d'ailleurs coupé du reste de la ville, du pays, depuis la semaine dernière. Des pans de mur en béton ont été installés sur tous les accès, pour empêcher les manifestants de l’approcher. C’est ce nouveau mur que les contestataires ont ironiquement baptisé du nom du président du Parlement, le mur de Berri. Cette balafre de béton dans le centre-ville de Beyrouth a été quasiment montée en nuit. "Un mur de la honte qui enferme des députés soi-disant représentants du peuple", écrivait un journal libanais.
Le mur de Berri-lin enregistré sur Google
Le mur de Berri-lin est répertorié comme "site historique ouvert 24h sur 24h", au cœur de la capitale, dans le quartier des institutions. Le mur a un vrai succès, il est noté par les internautes qui s’en donnent à cœur joie dans leurs commentaires : "Construit en 2020 par les proto-sapiens qui se cachent derrière". "Se munir d’un masque à gaz pour la visite", précise un autre. "Beau bloc de béton avec vue imprenable sur la corruption", rajoute un autre.
Comme le mur de Berlin à l'époque, ce mur de Berri-lin est devenu le support d’expression de milliers d’anonymes pour dénoncer la corruption, l’inertie, la sourde oreille des responsables politiques. À coups de pinceaux, de bombes de peinture et d’affiches, les slogans de la révolution sont écrits en français, en anglais et en arabe. Il y a aussi des peintures signées de jeunes artistes libanais comme ces deux mains gigantesques qui entrouvrent le mur. "Au quatrième mois de la révolution, mieux vaut rire que pleurer", conclut un journal libanais.
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