Cet article date de plus de quatre ans.

Au Liban, la pollution de l'air étouffe la population et l'économie

Le petit pays souffre d'une pollution atmosphérique très élevée, proportionnellement à sa superficie et son nombre d'habitants.

Article rédigé par Aurélien Colly - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Vue de Dbayeh, au nord de Beyrouth, dans un nuage de pollution. (JOSEPH EID / AFP)

Une situation "effrayante", c'est ce que dénonce l'ONG Greenpeace au Liban, après la publication d'une nouvelle étude sur la pollution de l’air au Moyen-Orient. Ses conclusions sont très inquiétantes : 65 000 personnes décèdent chaque année prématurément de la pollution atmosphérique liée aux énergies fossiles dans la région. La moitié de ces morts est en Égypte, mais rapporté à la population de chaque pays, c'est le Liban qui a le taux de décès le plus élevé. Ce n’est pourtant pas un pays industriel, mais le problème vient essentiellement de la production d’électricité.

"Au Liban, toutes nos centrales qui sont sur la côte libanaise, où il y a la plus haute densité de population, opèrent avec du pétrole lourd, l’un des fossiles les plus sales et les plus polluants au monde, explique ainsi Julien Jressati, de Greenpeace Moyen Orient.

Comme ces centrales ne sont pas suffisantes, le manque est comblé par des groupes électrogènes privés, installés entre les immeubles, qui fonctionnent au diesel, c'est une autre grosse source de pollution et de maladie.

Julien Jressati, de Greenpeace Moyen Orient

à franceinfo

Pour la première fois, dans ce rapport, Greenpeace évalue aussi le coût économique de cette pollution atmosphérique. Là encore, le Liban est dans le peloton de tête : 1,4 milliard de dollars de perte annuelle, soit 2% du PIB, juste derrière l’Égypte, avec 7 milliards de dollars de perte par an lié à cette pollution de l’air, quasiment 3% du PIB.

Au vu ces chiffres, Greenpeace appelle au développement d’énergies alternatives au fossile. D'autant que selon l'ONG, cette pollution atmosphérique et les maladies qu’elle provoque rendent les populations de la région plus vulnérables aux infections par des virus ayant des effets respiratoires, comme certains coronavirus. Le Covid-19 a pour l’instant plutôt épargné la région, mais il faut se souvenir du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers‐CoV), un autre coronavirus apparu en 2012 et qui depuis cette date a fait près d’un millier de morts dans la région.

Une transition écologique qui se fait attendre

En réalité, la plupart des pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord ont commencé aujourd’hui leur transition vers des énergies moins polluantes, moins toxiques. Par exemple, le solaire et l’éolien au Maroc, en Égypte, dans les pays du Golfe. Le Liban doit impérativement suivre cette voie, selon Julien Jressati, de Greenpeace : "Ce que nous demandons au gouvernement libanais, c’est de se diriger de façon conséquente et rapide vers les énergies renouvelables, comme l’éolien ou le solaire. Surtout dans un pays où nous avons plus de 300 jours d’ensoleillement par an. De cette manière, le Liban va pouvoir faire des économies, créer des emplois, protéger notre santé et notre environnement."

On n’en est pas encore là, puisqu’en dépit des objectifs affichés par les autorités libanaises (30% d’électricité verte d’ici à 2030), les derniers projets approuvés sont des constructions de centrales thermiques, polluantes et hors de prix, alors même que le pays traverse la pire crise économique de son histoire.

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