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Au Mexique, la ville d’origine d’El Chapo envisage d’ouvrir un musée sur l’histoire des narcotrafiquants

De nombreux dirigeants du fameux cartel de Sinaloa sont originaires de cette ville de 30 000 habitants, situé à l'ouest du Mexique.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Steels
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une figurine représentant le traficant de drogue mexicain "El Chapo" exposée dans la sainte chapelle Jesus Malverde à Culiacan, dans l'Etat du Sinaloa, le 19 février 2019. (RASHIDE FRIAS / AFP)

La localité de Badiraguato, dans l’Etat du Sinaloa, au Mexique, est la ville natale de plusieurs barons de la drogue. Il y a quelques jours, le maire de la ville s’attirait les foudres de tout le pays en annonçant son intention de leur dédier un musée. Pourquoi un tel honneur pour des criminels ?

Le maire veut attirer les touristes

Badiraguato est une petite ville agricole d’à peine 30 000 habitants mais qui est connue dans tout le Mexique : c’est de là que sont originaires plusieurs chefs de cartels célèbres. Joaquín El Chapo Guzmán, dit El Chapo, mais aussi Rafael Caro Quintero, les frères Beltrán Leyva, Ismael Zambada qui ont tous été ou sont encore des dirigeants du cartel de Sinaloa. "Nous ne pouvons pas nier notre histoire, nous devons la reconnaître, a déclaré le maire de Badiraguato, José Paz López. Nous pourrions ouvrir un musée du narcotrafic. Nous ne devons pas fermer la porte à cette idée".

Selon l'édile, le narcotrafic fait partie intégrante de l’histoire de Badiraguato. Et l’idée est d’ouvrir un musée d’histoire locale pour attirer les touristes, dans le sillage de la notoriété acquise par un personnage comme El Chapo par exemple. Le musée exposerait, par exemple, des objets personnels ayant appartenu aux narcos célèbres.

"L'apologie du narcotrafic est assez courante"

Les propos du maire ont été repris par tous les médias mexicains, qui l’accusent de faire l’apologie du crime organisé. Mais à Badiraguato, on n’a pas la même perspective. Dans cette région, le trafic de drogue est perçu comme un mode de vie, une réalité locale. Et la société a tendance à glorifier les narcos, selon le journaliste Ismael Bojórquez, directeur de l’hebdomadaire Rio Doce dans l’Etat du Sinaloa : "L’apologie du narcotrafic est assez courante de la part des responsables politiques locaux. Il y a un mois, lors des célébrations de l’anniversaire de la fondation de Culiacán, des images d’El Chapo Guzmán ont été diffusées sur grand écran, pendant un concert. C’est de la folie… Donc au Sinaloa, le projet de musée n’a pas choqué comme dans le reste du Mexique."

Un musée du narcotrafic existe déjà à Mexico, mais il est relativement peu connu car il n’est pas ouvert au public en général. C’est un petit musée aménagé par l’armée, accessible uniquement aux militaires pour leur formation, et où sont notamment exposées des armes saisies aux narcotrafiquants.

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