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Au Sénégal, les surfeuses s'entraînent grâce à une école à Dakar et rêvent de participer aux Jeux olympiques

Ces Sénégalaises s'entraînent grâce à "Black girls surf", une école qui milite pour que les femmes noires soient mieux représentées dans le surf de compétition.

Article rédigé par franceinfo - Théa Ollivier, édité par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Khadjou Sambe a commencé à surfer à l’âge de 13 ans et était la seule fille sénégalaise à prendre les vagues, le 31 août 2020 sur l'île de Ngor à Dakar. (SADAK SOUICI / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Au Sénégal, le surf est un sport encore réservé principalement aux hommes. Pourtant, un groupe de surfeuses initié par la première surfeuse professionnelle sénégalaise Khadjou Sambe s’entraîne tous les jours dans les vagues au large de Dakar. Cela n’a pas toujours été facile pour Khadjou Sambe de pouvoir surfer. Quand elle a commencé à l’âge de 13 ans, elle était la seule fille sénégalaise à prendre les vagues. Elle a pourtant grandi à quelques mètres de la mer, dans le village de Ngor en plein cœur de Dakar.

Ces parents lui ont tout de même interdit d’aller surfer pendant plus d’un an. "C’était un petit peu compliqué au début, explique-t-elle. Mes parents ne voulaient pas que je surfe parce qu’ils n’ont jamais vu une fille sénégalaise qui surfe avec beaucoup de gens dans l’eau. Ils avaient peur que quelque chose m’arrive, et petit à petit ça a commencé à changer. Jusqu’à présent, ils m’encouragent beaucoup plus que tout le monde." À force de courage et de détermination, Khadjou Sambe était devenue professeure dans une école de surf à Dakar et en parallèle, elle continuait de s’entraîner seule sur le spot en face de chez elle.

Elle part s’entraîner en Californie

Khadjou Sambe a été repérée par l’Américaine Rhonda Harper, fondatrice de "Black girls surf", une école qui milite pour que les femmes noires soient mieux représentées dans le surf de compétition. En 2018, la jeune sénégalaise passe alors un an en Californie, sponsorisée par "Black Girls surf". Depuis, une antenne de cette école de surf a été créée à Dakar.

Une fierté pour Khadjou Sambe : "Même au début avec les filles, elles entendaient des choses. On leur disaient d’arrêter le surf. Donc, je leur ai dit de se boucher les oreilles, de regarder en avant et de suivre leur rêve. Si elles écoutent, il n’y a rien qui va avancer. Pourquoi ne pas aller surfer en tant que Sénégalaise, en tant que fille, en tant que noire et en tant qu’Africaine."

Objectif JO pour Khadjou Sambe

Coincée au Sénégal depuis le début de la pandémie de coronavirus, la Californienne Rhonda Harper a décidé de prendre en main l’entraînement quotidien de ces jeunes femmes, entre sessions de surf et séances de musculation. L’objectif est de leur donner une structure et de les professionnaliser. "Khadjou était une surfeuse dynamique quand je l’ai rencontrée pour la première fois mais elle devait être cadrée dans une structure, indique Rhonda Harper. Coacher quelqu’un qui a été seule comme elle l'a été pendant si longtemps et essayer de reprogrammer son cerveau à la technique, c’est difficile." 

"L’école à Dakar est un véritable camp d’entraînement de compétition, poursuit la Californienne. En tant que coach, je veux voir les peuples autochtones participer aux Jeux olympiques autant que les autres. C’est pourquoi je reste attentive pour savoir quelle fille africaine se retrouvera aux Jeux olympiques." Khadjou Sambe n’a donc plus qu’un seul rêve en tête : participer aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021.

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