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Chili : à Santiago, la place d'Italie est devenue le symbole de l'affrontement entre le mouvement social et le gouvernement

Alors que le Chili a voté pour changer de constitution, les manifestations contre les inégalités sociales se poursuivent dans la capitale sur la place d'Italie.

Article rédigé par franceinfo - Justine Fontaine, édité par Timour Ozturk
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La manifestation du 25 octobre 2020 sur la place d'Italie à Santiago, la capitale du Chili. (PEDRO UGARTE / AFP)

Les Chiliens ont approuvé ce week-end à une très large majorité la proposition d'une nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée de la dictature de Pinochet. C'était l'une des demandes des manifestants chiliens, qui ont lancé une contestation historique contre les inégalités il y a un an. Dimanche 25 octobre ils ont fêté leur victoire sur la place d'Italie, rebaptisée "place de la dignité", le symbole d'un pays en pleine mutation. 

Depuis octobre 2019 les manifestants se retrouvent sur la place d'Italie tous les jours. Le 25 octobre 2019, plus d'un million de personnes s'y sont réunies, contre les inégalités. C'était l'une des plus grandes manifestations de l'histoire du Chili. Les alentours de la place ont été couverts de fresques militantes, de graffitis politiques, de messages contre la police et le gouvernement. La contestation avait commencé contre la hausse du prix du métro, et la grande station qui se trouve sous la place a rapidement été vandalisée, comme des dizaines d'autres dans la capitale. La police a de son côté blessé plus de 4 000 personnes pendant les manifestations.

Un lieu symbolique de la ségrégation sociale à Santiago

Le Chili est un pays très inégalitaire, et dans la capitale on perçoit clairement la ségrégation urbaine. Les Chiliens ont l'habitude de parler de la place d’Italie comme d'une limite entre les quartiers riches, à l'est, et les quartiers pauvres ou de classes moyennes, à l'ouest.

Cette place est aussi un lieu symbolique car la statue qui se trouve au milieu est celle d'un général qui a participé notamment à la guerre contre le peuple indigène mapuche dans le sud du pays, au XIXè siècle. Un certain nombre de massacres et de confiscation des terres ont eu lieu à ce moment-là. Donc le général Baquedano, c'est son nom, ne plaît pas beaucoup aux manifestants.

Une statue dégradée

Il y a eu d'abord eu des graffitis sur cette statue, puis en octobre elle a été recouverte de peinture rouge, en référence aux manifestants tués ou blessés pendant le mouvement social. En fait la place est devenue un lieu de batailles symboliques avec les autorités, qui ont elles aussi fait repeindre la statue en plein couvre-feu, au moins trois fois ce mois-ci après le passage des manifestants.

Pendant le confinement, le président Sebastian Pinera, détesté par les manifestants, est allé se faire prendre en photo sur la place déserte, ce qui a été vu par certains comme une provocation. Enfin depuis le début de la contestation des messages lumineux sont projetés sur la place, la nuit, en faveur du mouvement social. Les forces de l'ordre, qui occupent les lieux en permanence, ont même apporté une fois des projecteurs blancs pour cacher ces messages.

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