Les Chiliens plébiscitent à une large majorité un changement de Constitution
Les partisans d'une nouvelle loi fondamentale, la première depuis la fin du régime dictatorial, l'ont emporté avec 78,28% de suffrages exprimés.
C'est le début d'une nouvelle ère pour le pays d'Amérique du Sud. Les Chiliens ont voté dimanche 25 octobre à une très forte majorité en faveur d'une nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée de l'ère Pinochet, lors d'un référendum organisé un an après un soulèvement populaire massif contre les inégalités sociales.
Les 14,7 millions d'électeurs étaient appelés à répondre à deux questions: "Souhaitez-vous une nouvelle Constitution ?" et "Quel organe devra rédiger la nouvelle Constitution ?" Selon des résultats quasi définitifs portant sur plus de 99% des bureaux de vote, les suffrages favorables à une nouvelle Constitution l'emportent largement avec 78,28% des voix, contre 21,72% rejetant cette option.
Concernant la seconde question, l'option d'une "Convention constituante" uniquement formée de citoyens rassemble 79% des voix, contre 21% pour une "Convention mixte" composée de citoyens et de parlementaires. La participation s'élève à environ 50%, selon l'autorité électorale.
Le président Piñera appelle à "l'unité"
Réagissant à ces résultats, le président conservateur Sebastian Piñera a appelé dans une allocution télévisée à "l'unité" du pays pour rédiger la "nouvelle Constitution". "Jusqu'à présent, la Constitution nous a divisés. A partir d'aujourd'hui, nous devons tous collaborer pour que la nouvelle Constitution soit un espace d'unité, de stabilité et d'avenir", a déclaré le chef de l'Etat chilien.
Des dizaines de milliers de manifestants euphoriques se sont rassemblés sur plusieurs places de la capitale Santiago, dont la Plaza Italia, épicentre de la contestation, pour fêter la victoire. Il y a un an jour pour jour, le mouvement contre les inégalités avait connu un tournant lorsque 1,2 million de personnes s'étaient rassemblées sur cette place emblématique, rebaptisée "Place de la dignité".
Un nouveau référendum en 2022
Remplacer la Constitution héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (au pouvoir de 1973 à 1990) était une des revendications des manifestations lancées à partir du 18 octobre 2019 afin de réclamer une société plus juste. La loi fondamentale actuelle limite fortement l'action de l'Etat et promeut l'activité privée dans tous les secteurs, notamment l'éducation, la santé et les retraites. Le projet de Constitution sera soumis à référendum en 2022.
Jusqu'à l'éclatement de la crise, le Chili était considéré comme un des pays les plus stables d'Amérique latine, encensé pour ses résultats macro-économiques. Déclenchée par une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation a été nourrie par la colère de la population dénonçant la déconnexion des élites face au quotidien difficile du plus grand nombre et a pris de court l'ensemble de la classe politique.
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