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Corée du Sud : la viande de chien, une tradition controversée qui se meurt

Alors que les Jeux Paralympiques ont débuté à Rio, la Corée du Sud se prépare à accueillir dans 18 mois les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 et les défenseurs de la cause animale entendent bien profiter de ce coup de projecteur pour mettre fin à une pratique coréenne extrêmement controversée : la consommation de viande de chien.

Radio France
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Chien vendu pour sa viande en Corée du Sud. (GettyImages / Chung Sung-Jun)

C’est une tradition ancienne qui est en perte de vitesse mais qui reste bien ancrée : entre 1,5 et 2,5 millions de chiens sont mangés chaque année en Corée du Sud. En soupe, grillé, ou cuits à la vapeur. On compte 17 000 élevages. Des superstitions toujours présentes prêtent aux chiens des vertus médicinales : sa viande permettrait de redonner de la vigueur sexuelle et pendant les jours les plus chauds de l’été, elle permettrait de rafraîchir le corps. Autrefois, quand le pays était très pauvre, le chien était souvent l’une des rares – et donc précieuses – sources de protéine. C’est d’ailleurs toujours le cas en Corée du Nord, où cette viande est toujours très populaire. Mais au Sud, les jeunes générations ont une attitude radicalement différente : beaucoup possèdent des chiens de compagnie, et l’idée d’en manger les horrifie. Seulement 20% des jeunes de 20 à 30 ans ont mangé du chien l’année dernière, contre 50% des 50 à 70 ans.

Une industrie critiquée pour ses conditions d’abattage absolument effroyables

Nous avons visité un jour un élevage. Effarant : les chiens sont enfermés dans de minuscules cages qu’ils ne quittent jamais, leur nourriture se mélange aux excréments, le bruit est assourdissant. Certains disent que la viande est meilleure si le chien est battu à mort tout en étant maintenu en vie le plus longtemps possible. Une pratique atroce, qui heureusement est peu à peu remplacée par l’électrocution. Le problème, c’est qu’il y a un grand vide juridique : avoir une licence n’est pas nécessaire pour élever des chiens et les fermes ne sont pas contrôlées.  Ainsi peuvent se retrouvent dans les assiettes non seulement du "chien jaune", traditionnellement élevé pour sa viande, mais aussi des animaux de compagnie abandonnés par leur propriétaire.

Opérations coup de poing

Les associations de défense des animaux multiplient les actions coup de poing, comme par exemple les descentes dans les fermes les plus insalubres, pour sauver les chiens et les envoyer dans des familles d’adoption parfois même à l’étranger, comme aux États-Unis ! Une ONG donne de l’argent aux éleveurs pour qu’ils se reconvertissent, par exemple dans la culture de piment ou de myrtilles, moins controversée. Ces associations veulent enfin utiliser le fait que tous les regards seront bientôt tournés vers la Corée, lors des JO d’hiver de 2018 : les Coréens sont très conscients que cette habitude culinaire donne une mauvaise image de leur pays, et lors des Jeux de 1988 à Séoul, les restaurants à chien s’étaient fait très discrets sur ordre des autorités. Les défenseurs des animaux espèrent ainsi donner le coup de grâce à une pratique qui est déjà en train de mourir.

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