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En Argentine, on célèbre le centenaire d'un exploit de la Française Adrienne Bolland, pionnière de l'aviation

On a tous en tête ces grands noms de l’aviation Saint-Exupéry, Blériot, Mermoz… Mais des femmes ont aussi marqué l’histoire de leurs exploits, comme Adrienne Bolland, la première Française à avoir traversé la Cordillère des Andes en 1921 à bord de son G3 Caudron.

Article rédigé par Caroline Vicq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'aviatrice française Adrienne Bolland, qui a établit le record du monde de loopings (98 en moins de 58 minutes) en janvier 1922. (KEYSTONE-FRANCE / GAMMA-KEYSTONE VIA GETTY IMAGES)

Il y a 100 ans, Adrienne Bolland se trouvait à Mendoza, et s’apprêtait à réaliser un exploit. Cette jeune fille de 25 ans avait reçu son brevet de pilote quelques mois auparavant et avait été envoyée en Argentine pour participer à des meetings d’aviation pour présenter aux Sud-Américains les avions de la maison Caudron.

En mars 1921, elle décide de se rendre à Mendoza après un tremblement de terre. Elle se dit que la traversée des Andes serait un bon coup de pub qui pourrait rapporter de l’argent à la ville pour sa reconstruction. Le 1er avril, la jeune pionnière, libre, talentueuse et déterminée est prête, comme nous l’explique Coliné Béry, auteure du livre Le Matricule des oiseaux consacré à l’aviatrice. "Elle va se graisser le corps. Par-dessus, des papiers journaux parce que ça coupe le vent. Elle va enfiler son pyjama en soie, mettre sa combinaison. Une des dames du ménage de son hôtel lui avait fait des chaussons en alpaga", décrit l'autrice.

Elle a emporté un poignard à utiliser en cas d’attaque de condors et un pistolet. Et voilà comment elle s’est envolée.

Coliné Béry, auteure du livre "Le Matricule des oiseaux"

à franceinfo

Et c’est ainsi qu’Adrienne Bolland s’élance à bord de son Caudron G3, sans oxygène, sans ceinture de sécurité, et dans un cockpit ouvert.  

Évidemment, beaucoup la prennent pour une folle. Mais elle est à la hauteur du défi. Elle suit son intuition et change même de route aérienne en plein vol. Elle atterrit finalement à Santiago du Chili. À son retour à Buenos Aires, Adrienne Bolland est une véritable idole ,comme le montrent les photos exposées sur les grilles de l’Ambassade de France à l’occasion de ce centenaire.  "Elle est entourée d’une foule qui est venue la voir. On voit juste une femme, ic,i mais autrement ce ne sont que des hommes, décrit Claudia Scherrer-Effosse, ambassadrice de France en Argentine. Ils sont conscients effectivement de ce que ça représentait. Je pense qu’en France, on n’avait pas la notion de ce que c’était les Andes, que l’Aconcagua est le plus haut sommet de toutes les Amériques, qu’elle est passée juste à côté".

"Ce qui passe avant tout pour moi, c’est la liberté !"

Cet exploit a été oublié dans l’histoire de l’aviation, tout comme Adrienne Bolland. Ce centenaire nous rappelle qu’avant l’Aéropostale, Mermoz et Saint-Exupéry, une femme a fait sensation en Amérique du Sud. Une aviatrice au caractère bien trempé, moderne, audacieuse et avant tout libre, comme l’explique Adrienne Bolland elle-même à Jacques Chancel sur France Inter en 1972. "Ce qui passe avant tout pour moi, c’est la liberté. Et on était libres ! Une fois qu’on avait décollé, on se foutait pas mal de ce qui se passait en dessous. On n’avait aucun contact avec la Terre, il n’y avait pas de tour de contrôle, il n’y avait rien !"

On était maître après Dieu, ça, ça me plaisait !

Adrienne Bolland

France Inter

Adrienne Bolland aura donc ouvert la voie. Pour lui rendre hommage, mercredi soir, le vol Air France Paris-Buenos Aires sera exclusivement féminin, avec trois femmes pilotes aux commandes.

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