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En Birmanie, une campagne pour lutter contre l’extrémisme bouddhiste

Un mouvement pour lutter contre l'intolérance religieuse a été lancée sur les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo - Sarah Bakaloglou
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Page du compte White Rose Campaign. (Facebook)

Un moine birman, connu pour son engagement interreligieux a lancé le mouvement #WhiteRose4Peace, "une rose blanche pour la paix",  en écho aux roses blanches offertes par des bouddhistes aux musulmans du pays, dont les photos sont ensuite publiées sur Facebook.

Cette campagne a été lancée après un nouvel épisode de haine contre la minorité musulmane du pays. Il y a une dizaine de jours, à Rangoun, la plus grande ville de Birmanie, une foule de nationalistes bouddhistes a fait irruption dans trois salles de prière musulmanes, pendant la période du Ramadan, pour les forcer à fermer leurs portes. Ces salles de prière avaient pourtant été autorisées temporairement par le gouvernement de Rangoun. Elles ont rouvert depuis, mais cet évènement montre, pour le défenseur des droits de l'Homme Thet Swe Win, l’impuissance et le manque de volonté des autorités birmanes pour protéger les minorités religieuses.

"Le nationalisme se renforce dans le pays"

"Je pouvais les voir de ma voiture, la foule hurlait devant la police, et tenait des bâtons et des pierres dans les mains… explique Thet Swe Win, qui était sur place ce soir-là. Mais la police n’a rien fait ! À Rangoun, ce type d’attaque est courante, on a soulevé ce problème plusieurs fois auprès des autorités, et personne ne fait rien."  Le gouvernement birman est souvent critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme, accusé de ne pas protéger les minorités religieuses du pays. "Le nationalisme se renforce dans le pays, et des personnes croient qu’il ne faudrait pas de musulmans ici, reprend Thet Swe Win. Personne, parmi les responsables politiques, ne dit le contraire ! Ils devraient dire: 'ce n’est pas les valeurs que nous voulons en Birmanie'."       

Ces attaques contre la communauté musulmane, qui représente 5% de la population birmane, ne sont pas rares dans le pays, et les discriminations viennent également de l’État. En 2017, par exemple, à Rangoun, deux écoles islamiques ont été fermées par la police. Pour obtenir des documents d’identité, les musulmans du pays doivent très souvent payer des pots-de-vin aux responsables de l’immigration.  Un des défis en Birmanie, c'est aussi de lutter contre les messages de haine et les fake news qui se déversent sur les réseaux sociaux, des messages qui viennent notamment des moines extrémistes.

Parmi les plus virulents se trouvent ceux liés au mouvement Ma Ba Tha (Association patriotique du Myanmar, ou Association pour la protection de la race ou de la religion), avec à sa tête Ashin Wirathu, surnommé par le magazine Time "le visage de la terreur bouddhiste. L'homme est connu notamment pour ses propos contre la minorité musulmane des Rohingyas, même si dernièrement Ashin Wirathu s’est plutôt exprimé sur la politique du pays, en soutien aux militaires, dans la perspective des élections de 2020.

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