En Corée du Sud, les mères célibataires et leurs enfants sont victimes de discrimination
Dans le pays, 2% seulement des bébés naissent hors mariage. Ces enfants sont ensuite stigmatisés tout comme les mères célibataires.
Sous son apparence ultra-moderne, la société sud-coréenne reste patriarcale et très conservatrice. Seulement 2% des enfants naissent hors mariage, il s'agit du plus faible taux des pays de l’OCDE. Ces bébés sont toujours stigmatisés et les mères célibataires sont victimes de fortes discriminations.
"Même mes collègues me montraient du doigt"
Ces femmes peuvent compter sur le soutien de Kumfa, l’association des familles de mères non-mariées, à Séoul. Dans leurs locaux modestes, il ne s'agit que deux pièces, de cartons de couches, de jouets, de layettes débordent. Jeong Su-jin, maman d’une fille de 13 ans, raconte que ses difficultés ont commencé dès la grossesse. "Je travaillais comme vendeuse dans une supérette. Quand mon patron a appris que j’étais enceinte et célibataire, il m’a virée. Il m’a dit 'je ne veux pas de quelqu’un comme toi ici', raconte cette femme qui a vécu un calvaire. Il n’y avait pas que mon patron, même mes collègues me montraient du doigt. Je ne pouvais plus travailler", confie-t-elle.
En Corée du Sud, les mères non-mariées sont vues comme dépravées. Elles subissent des pressions monumentales, y compris de leur propre famille, pour avorter ou pour abandonner leur bébé. Jeong Su-jin voulait donner le sien à une agence d’adoption mais elle a changé d’avis après la naissance, une fois qu’elle a eu sa petite fille dans ses bras. Par la suite, elle a été la cible d’insultes à caractère sexuel de la part de ses voisins.
Des enfants ostracisés dès l'acte de naissance
Jusqu’à cette année, ces enfants nés de mères célibataires étaient étiquetés dès le premier jour : sur leur certificat de naissance, il était indiqué "né hors-mariage". Kim Do-kyung, la présidente de l’association Kumfa, raconte que la situation est parfois pire. "Lors d’une réunion de mères d’élèves, l’une d’entre elles a commencé à murmurer dans mon dos : 'C’est une mère célibataire !' Après cela, les parents ont demandé à leurs enfants de ne plus jouer avec mon fils, raconte-t-elle. Quand ils organisent des rencontres entre parents, je ne suis jamais invitée. C’est comme cela que les mères célibataires se retrouvent isolées par la société", accuse Kim Do-kyung.
La présidente de l'association Kumfa accuse aussi les agences d’adoption de profiter de la détresse de ces mères pour les encourager à abandonner leur bébé. En Corée, 90% des enfants confiés à l’adoption sont nés de mères célibataires.
Son association offre donc un soutien financier et psychologique à ces mamans, et elle se bat pour changer les mentalités. Kim Do-kyung note une légère amélioration ces dernières années. La loi a été notamment changée pour mieux soutenir les familles monoparentales mais d’énormes progrès restent à faire.
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