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En Corée du Sud, on prépare déjà la reprise des échanges économiques avec le Nord

Beaucoup d'institutions et d'entreprises sud-coréennes réfléchissent à la relance des échanges avec le voisin du Nord, alors que le sommet Washington-Pyongyang est menacé.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Ojardias
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les dirigeants Moon Jae-in (gauche) et Kim Jong-un (droite) le 27 avril 2018 lors du sommet dans la zone démilitarisée entre les deux Corées. (KOREA SUMMIT PRESS POOL / KOREA SUMMIT PRESS POOL)

La Corée du Nord devrait détruire son site d’expérimentations nucléaires d’ici vendredi 25 mai. Un geste symbolique avant le sommet du 12 juin entre le président américain Donald Trump et le "leader suprême" nord-coréen Kim Jong-un. Certes, ce sommet pourrait être reporté et l'accord sur le nucléaire est encore bien loin, mais le sommet d'avril - entre les deux dirigeants coréens - a créé un vent d’optimisme.

De nombreuses collectivités locales du Sud se préparent déjà activement à une éventuelle reprise des échanges avec le Nord. La grande ville portuaire de Busan (sud-est) a ainsi mis sur pied une équipe qui réfléchit à des projets conjoints dans le secteur de la pêche et du transport maritime, révèle le quotidien Joongang Ilbo. Une autre ville portuaire, Incheon (nord-ouest), rêve elle de tourisme et de croisières qui emmèneraient des visiteurs chinois dans les deux Corées au cours d’un même voyage. Elle envisage aussi de participer à la construction d’une route reliant Nord et Sud. Quant à la province de Gyeongi, qui jouxte la Corée du Nord, elle planifie déjà l’envoi vers le Nord de médicaments contre la tuberculose et contre la malaria, mais aussi la mise en place de projets d’aide à l’entretien des forêts nord-coréennes.

Ruée sur l'immobilier

Dans ce grand élan vers le Nord, les entreprises ne sont pas en reste. Le célèbre conglomérat Hyundai a déjà établi un groupe de travail sur la relance "au plus vite" de ses deux grands projets situés au Nord : la zone industrielle conjointe de Kaesong (près de la frontière) et le parc touristique des Monts Keumgang, qui accueillait autrefois des visiteurs sud-coréens. Ces deux projets ont été interrompus ces dernières années sur fond de dégradation des relations entre les deux Corées. Sur la zone industrielle de Kaesong, 120 entreprises sud-coréennes,  essentiellement des PME, faisaient travailler quelque 50 000 ouvriers nord-coréens. Ces entreprises demandent aujourd’hui la réouverture du site, ce qui est impossible tant que les sanctions internationales ne sont pas levées.

L’optimisme causé par la détente a aussi provoqué une ruée sur les terrains proches de la frontière avec le Nord. Selon l’agence Reuters, le volume des transactions immobilières a été multiplié par quatre près de la station de train de Dorasan, la dernière avant le Nord. Le prix de certains terrains aurait doublé, selon des agences immobilières sur place. Des particuliers achètent même des terrains à l’intérieur de la zone démilitarisée, ce ruban de terre de 2 km de large longeant la frontière et... interdit aux civils pour l'instant. Cela reste des investissements risqués car la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un pourrait être annulée, les tensions pourraient se raviver et les menaces de guerre reprendre. Après le deuxième sommet intercoréen de 2007, les prix de l’immobilier sur la frontière avaient déjà flambé avant de retomber un an plus tard.

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