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En Corée du Sud, un nouveau président élu après une campagne hors normes

Personnalité controversée, notamment pour ses prises de position xénophobes et antiféministes, Yoon Seok-youl succèdera pour cinq ans en mai au président sortant Moon Jae-in, qui ne pouvait plus être candidat.

Article rédigé par franceinfo - Nicolas Rocca
Radio France
Publié Mis à jour
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Yoon Seok-youl, à Seoul, le 5 novembre 2021. (KIM HONG-JI / POOL)

Il s’agit certainement de l’élection la plus serrée de l’histoire de la Corée du Sud : mercredi 10 mars, le candidat conservateur Yoon Seok-youl a battu de justesse son rival de gauche Lee Jae-myung et a été élu président après une campagne à tout le moins hors normes.

D’abord parce qu’elle s’est déroulée dans un contexte sanitaire pesant, les autorités annonçant chaque semaine un nouveau record d’infections quotidiennes au Covid-19. Ensuite parce que les deux favoris étaient au coude à coude : la veille du vote, les deux candidats arpentaient encore les rues de Séoul afin de convaincre les derniers indécis. Ils ont tous les deux rassemblé des milliers de personnes pour des spectacles en musique, comme seule la politique en Corée du Sud peut en offrir. Finalement, après un dépouillement qui s’est étiré jusqu’à 4 heures du matin, le candidat conservateur a été désigné vainqueur avec un peu plus de 200 000 voix d’avance.

Yoon Seok-youl veut incarner une rupture totale avec son prédécesseur

Pour résumer simplement son programme, Yoon Seok-youl veut incarner une rupture totale avec la politique du démocrate Moon Jae-in, notamment avec une attitude plus ferme vis-à-vis de la Corée du Nord. Un programme qui a séduit ce retraité : "Je veux changer de gouvernement, je déteste le communisme, explique-t-il. Le parti au pouvoir soutient trop la Corée du Nord, j’ai souffert de la guerre de Corée et j’ai vécu sous l’occupation communiste et leur influence me fait peur. J’ai donc voté pour contrer la propagande." Un thème porteur chez les plus âgés.

Du côté de sa politique économique, le nouveau président opte pour une forte libéralisation du marché du travail, une source d’inquiétude pour cette électrice démocrate : "Je me sens complètement déprimée, témoigne-t-elle. On a le sentiment qu’il n’y a plus aucun espoir. Ce président n’a aucune expérience politique, il est ignorant. Ce qui m’inquiète c’est sa politique de l’emploi, il veut abolir le salaire minimum, et augmenter le temps de travail légal."

Sa volonté de baisser les impôts sur la propriété lui ont permis de séduire un électorat usé par une hausse des prix de l’immobilier galopante. Enfin, Yoon Seok-youl a durant de nombreux mois multiplié des déclarations et des propositions ouvertement sexistes, expliquant que les féministes étaient responsables du faible taux de natalité dans le pays, ou que les Sud-Coréennes ne souffraient pas de discrimination structurelle dans le pays. Pourtant, en Corée du Sud, elles sont toujours payées 31% de moins que les hommes, un record parmi les pays de l’OCDE.

Sa stratégie électorale a un bilan mitigé

Le bilan de cette stratégie est mitigé : 58% des hommes entre 20 et 29 ans ont voté pour lui. Soit un score élevé, mais pas autant que prévu. Ce qui est certain, c’est que l’arrivé aux responsabilités de Yoon est une source d’anxiété pour les femmes sud-coréennes. Comme Jinha, professeure d’anglais : "Une de ses propositions phares était l’abolition du ministère de l’égalité des sexes, ce qui est un problème pas seulement en tant que femme, mais ce ministère aide les familles et les immigrants que va-t-il leur arriver s’il est aboli ?"

"J’ai peur mais je veux qu’ils apprennent que détester les femmes n’est pas une bonne stratégie politique."

Jinha, professeure d'anglais

à franceinfo

Les Sud-Coréennes se sont mobilisées massivement en faveur de son adversaire et ont failli faire basculer l’élection. Il est pour l’instant difficile de savoir à quel point il sera fidèle à ses promesses antiféministes : il faudra, pour répondre à cette question, attendre le 10 mai, date à laquelle il prendre ses fonctions.

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