En direct du monde. À Londres, il y a un an, la tour Grenfell s’embrasait en faisant 71 victimes
Alors que le Royaume-Uni commémore jeudi l'incendie de la tour Grenfell de Londres, qui avait coûté la vie à 71 personnes, il y a un an, les deux tiers des résidents n’ont pas encore été relogés, et habitent dans des hébergements temporaires.
C’est l’incendie d’immeuble le plus meurtrier qu’a connu la Grande-Bretagne : il y a un an, la tour Grenfell s’embrasait, en faisant 71 victimes. Un an plus tard, alors que le Royaume-Uni commémore l'incendie, les deux tiers des résidents n’ont pas encore été relogés, et habitent dans des hébergements temporaires.
Le conseil local du quartier incriminé
Depuis l’hôtel où il est hébergé, David peut presque apercevoir les échafaudages et le cœur vert, dessiné au sommet de la tour. Il habitait au 16e étage et a tout perdu dans l’incendie. "Cela fait un an que nous sommes au milieu de nulle part, un an qu’on habite à l’hôtel avec ma sœur, dans la même chambre que ma mère, soupire-t-il. Cela fait un an qu’on doit acheter de la nourriture à emporter. Un an qu’on nous ignore !"
Cette lenteur dans la prise en charge des survivants, même la première ministre s’en aperçoit et s’en excuse. Mais Theresa May incrimine surtout le conseil local du quartier de Kensington et Chelsea, accusé d’avoir ignoré les alertes des habitants de la tour. Hakim Mohammed n’en pense pas moins. Son père, sa mère, sa sœur et ses deux frères sont morts dans l’incendie. "Mes parents étaient âgés, et ils avaient des problèmes pour se déplacer, explique-t-il. Mon père avait déjà eu deux attaques et une crise cardiaque. Il n’aurait pas dû être au septième étage. On s’en est plaint à de nombreuses reprises…"
L’enquête, elle, continue. Les enregistrements des premiers appels de secours permettent de se rendre compte que les pompiers sont arrivés très vite, mais ont ordonné aux habitants de rester chez eux, pensant que l’incendie serait maîtrisé. Des vies auraient sans doute pu être sauvées, si l’évacuation avait été décidée plus tôt.
Des revêtements au rabais et inflammables
Et en parallèle, le gouvernement s’est engagé à changer le revêtement mural des immeubles sociaux dans tout le pays. Cela coûtera près de 400 millions d’euros. Là pointe le cœur de la polémique : sur la Grefell Tower, le revêtement mural avait été changé pour rendre l’immeuble social un peu plus présentable, au milieu des riches habitations de Chelsea. Mais avec des matériaux au rabais et inflammables. Alors qui est en cause ? Les entrepreneurs, le conseil municipal, les ministres qui ont abaissé les normes de sécurité ? C’est ce qu’Hamid attend de savoir. "Tout ce qu’on veut, fulmine-t-il, c’est qu’on rende justice aux gens qui sont morts : on a obtenu que ce pays change tous les revêtements extérieurs des immeubles sociaux. Et on va faire changer les règles de sécurité. Il faut qu’ils comprennent que tous les gens sont égaux." Les associations de locataires réclament ce droit à la sécurité à mesure que les prix de l’immobilier flambent : 80% des nouveaux logements construits à Londres ne sont accessibles qu’à 8% les plus riches de la population.
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