En direct du monde. A Singapour, malgré la menace de la peine de mort, les jeunes de plus en plus tentés par les drogues
Malgré une législation particulièrement répressive, en 2015, sur les 3 338 personnes arrêtées pour possession de drogue à Singapour, 151 étaient des élèves et étudiants singapouriens. Ils n'étaient que 83 en 2014.
En 2015, sur les 3 338 personnes arrêtées pour possession de drogue à Singapour, 151 étaient des élèves et étudiants singapouriens. En 2014, ils étaient seulement 83. Ce chiffre peut sembler dérisoire à côté de la France : en 2016, l'enquête européenne Espad indiquait que 17% des lycéens français avaient fumé du cannabis au moins une fois en un mois contre une moyenne européenne de 7%. Mais il faut rappeler que la législation à Singapour est extrêmement stricte au sujet des drogues.
La peine de mort au-delà de 30g de cocaïne
La loi ici est assez simple : toute personne interpellée avec plus de 500 grammes de cannabis, 30 grammes de cocaine ou encore 15 grammes d’héroine, risque la peine de mort. Si cette loi peut sembler archaïque, elle est toujours appliquée et valable pour tous. Ainsi, en novembre dernier, un Nigérian et un Malaisien ont été pendus pour trafic de drogue à Singapour. Malgré ce risque, les jeunes Singapouriens sont tentés par la drogue. Et ce pour deux raisons. La première est évidente : la curiosité. Dites à un enfant de ne pas toucher à une prise électrique et il sera encore plus tenté : le principe est le même ici sauf que la tentation est encore plus grande avec internet.
Rien n’est désormais secret, et les jeunes Singapouriens savent qu’il est plus simple de se procurer de la drogue dans certains pays. C’est pour cette raison que Douglas, 30 ans, a fumé de la marijuana pour la première fois il y a cinq ans lors d’un voyage aux Etats-Unis : "Oui, j’ai déjà été attiré par les drogues, enfin seulement la marijuana, le reste ne m’intéresse pas vraiment. J’ai essayé lorsque j’étais à l’étranger. C’est impossible de trouver de la drogue à Singapour ! Je ne sais pas à qui parler ! Si je demande à un parfait étranger, le mec peut très bien être un flic infiltré sous couverture. Ça ne vaut pas la peine d’essayer… A l’étranger, c’est plus facile de se procurer de la drogue mais je n’ai jamais essayé d’en ramener à Singapour. C’est juste trop dangereux. Ça peut être la peine de mort, vous savez !"
Tous ne sont pas prudents
Si Douglas est prudent, ce n’est pas le cas de tous. Certains jeunes consomment de la drogue à Singapour malgré le risque et ils sont de plus en plus nombreux. À Singapour la pression sur les élèves est considérable. Dès le plus jeune âge, ils étudient plus de 10 heures par jour (école et cours particuliers). Certains pourraient donc prendre le risque de consommer des substances illicites pour tenir le rythme…
Robin Tay est un ancien toxicomane. Il a passé sept ans en prison et, aujourd’hui, il intervient dans les écoles. Depuis une dizaine d’années, il voit de plus en plus d’élèves dans cette situation. "Certains pensent qu’en prenant des drogues, ils auront une capacité de concentration plus importante et qu’ils pourront aussi moins dormir et continuer à étudier tout en étant concentré sur leur travail, explique Robin Tay. Avant, une drogue comme la marijuana, c’était pour s’amuser, pour le plaisir. Mais aujourd’hui, les drogues sont complètement différentes parce que beaucoup de produits chimiques sont ajoutés. Ils ne prennent plus de drogue uniquement pour le fun, il y a d’autres raisons…" Robin Tay aide aujourd’hui ces élèves stressés et addict : il en rencontre un nouveau tous les deux mois. Le plus jeune d’entre eux a 14 ans.
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