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En direct du monde. En Corée du Sud, les femmes se révoltent contre les voyeurs qui installent des caméras dans les toilettes

Quelques 20 000 manifestantes ont défilé dans le pays contre ce phénomène. 

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Ojardias - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation à Séoul, le 7 juillet 2018.  (ED JONES / AFP)

À Séoul, les femmes se révoltent contre un problème de société étonnant : les caméras cachées par des voyeurs high-tech, qui les filment dans les toilettes ou les lieux publics à leur insu. Le problème en Corée du Sud prend une telle ampleur que plusieurs manifestations ont été organisées, la dernière, début juillet, a réuni quelques 20 000 manifestantes en colère. 

Un voyeurisme high-tech 

Les Sud-Coréennes sont excédées de ne plus pouvoir aller aux toilettes dans le moindre lieu public sans devoir en vérifier chaque recoin, pour s’assurer qu’il n’y a pas une caméra cachée, et elles demandent une véritable prise de conscience de la société, pour faire comprendre à tous la gravité de ces délits de voyeurisme high-tech.
Elles ont ainsi organisé plusieurs manifestations, aux cris de : "Ma vie n’est pas ton film porno". C’est la première fois dans l’histoire de la Corée du Sud que des manifestations féministes rassemblent des dizaines de milliers de personnes.

Le phénomène empire ces derniers mois 

Ce phénomène est baptisé "molka", un mot-valise qui signifie "caméra cachée". Il s’agit de caméras minuscules, pas plus grosses qu’un bouton de veste, faciles à se procurer sur internet. Les voyeurs les dissimulent dans les lieux publics : toilettes, mais aussi vestiaires, saunas, etc. Ils diffusent ensuite les vidéos obtenues sur des sites pornos.
Le nombre de délits "molka", a bondi, de 1 100 en 2010, à 6 500 l’année dernière. Parmi les délinquants pris sur le fait se trouvent des professeurs, des médecins, des pasteurs, des policiers et même un juge ! Toutes les couches de la société coréenne sont concernées.

Les autorités réagissent 

Le gouvernement semble prendre le problème au sérieux. Mi-juin, il a annoncé que la fabrication et la vente de "molka", seront mieux contrôlées. Les autorités assurent aussi qu’elles chargeront des brigades équipées d’appareil de détection d’inspecter quelques 50 000 toilettes publiques pour y dénicher ces caméras.
Mais ces brigades existaient déjà. La loi existante prévoit déjà des peines maximales de 5 ans de prison et de 7 500 euros d’amendes pour un délit "molka".


Le problème, selon les féministes coréennes, c’est qu’en réalité la justice inflige des peines légères et que les coupables bénéficient d’une relative impunité. Ces manifestantes exigent donc plus de sévérité de la part des juges et davantage d’effort de la police pour identifier les voyeurs quand des femmes portent plainte.

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