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En direct du monde. En Corée du Sud, une BD réalisée par un réfugié nord-coréen fait un tabac

Il s’agit d’un  "webtoon", une bande dessinée publiée sur Internet, un genre très populaire en Corée du Sud. Intitulée Rodong Simmun, (Interrogation sur le travail,  un jeu de mots avec le nom du quotidien officiel au Nord), cette BD raconte les déboires et les difficultés d’intégration des 30 000 Nord-Coréens qui ont trouvé refuge dans la société hyper-capitaliste et individualiste du Sud. 

Radio France
Publié
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Choi Seong-guk, réalise ses BD sur ordinateur, le 5 août 2016, à Séoul en Corée du Sud. (THE WASHINGTON POST / THE WASHINGTON POST)

L'auteur de cette bande déssinée qui connait un succès fou en Corée du Sud s’appelle Choi Seong-guk, il a 36 ans. En Corée du Nord, il travaillait dans un studio d’animation à Pyongyang. Sa position était plutôt privilégiée mais il voulait gagner plus d’argent, et il a commencé à vendre sur le marché noir des copies de DVD de films sud-coréens.

En Corée du Nord, c’est une activité illégale et dangereuse : il a été arrêté, condamné, puis il s’est enfui au Sud. Animateur professionnel, il s’est naturellement intéressé aux bandes dessinées sud-coréennes.  Il se souvient de sa surprise quand il en lu pour la première fois : "Je n’y comprenais absolument rien ! Il n’y avait aucun patriotisme, aucune idéologie, aucun contenu éducatif. (rire) Quand un homme et une femme tombaient amoureux, ils parlaient ouvertement de leurs sentiments l’un à l’autre. C’était si embarrassant ! En Corée du Nord les BD ont un but éducatif : elles doivent inculquer le patriotisme, la loyauté envers le régime et la colère contre nos ennemis.

Que raconte-il  dans sa BD ?

Choi Seong-guk raconte en fait son histoire, celle d’une jeune Nord-Coréen enthousiaste qui débarque en Corée du Sud et qui est perdu. Il parle de la froideur apparente des Sud-Coréens, des problèmes causés par les différences de langue entre Nord et Sud, ou encore la difficulté de prendre des initiatives quand on a grandi dans une société où chaque instant de la vie quotidienne est régi par les autorités.  Son dessin est rapide, parfois sommaire. Le ton est plutôt humoristique, mais tout n’est pas drôle, notamment quand il évoque la torture au Nord. Depuis le mois de mai, Choi Seong-guk publie sur Internet un épisode par semaine.

Quel accueil le public sud-coréen a-t-il fait à ce webtoon ?

Sa BD attire 30 000 lecteurs par semaine, c’est donc un succès. Les Sud-Coréens en général s’intéressent pourtant peu aux difficultés d’intégration des transfuges. Mais Choi Seong-guk a recours à l’humour et il évite le pathos qui accompagne d’ordinaire les récits de réfugiés nord-coréens. Près de 30 000 transfuges vivent désormais en Corée du Sud, où ils sont parfois traités avec méfiance ou mépris. La bande-dessinée de Choi Seong-guk permet donc aux Sud-Coréens de mieux comprendre leurs frères du Nord et donc, de mieux les accepter.

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