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En Espagne, la pointeuse est obligatoire pour lutter contre les heures supplémentaires abusives

Gouvernement et syndicats tirent un premier bilan d'un décret passé il y a quatre mois, censé protéger les travailleurs espagnols. 

Article rédigé par franceinfo - Marie-Hélène Ballestero
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des employés espagnols au pays basque. (ANDER GILLENEA / AFP)

Depuis le 12 mai 2019, la pointeuse est devenue obligatoire en Espagne. Le texte oblige les entreprises à tenir des registres quotidiens des heures de travail de tous leurs employés. Elles doivent conserver ces registres pendant quatre ans. Le gouvernement socialiste entend ainsi lutter contre la précarité, les bas salaires et la pauvreté qui touchent beaucoup de travailleurs qui souffrent de journées de travail à rallonge. 

Les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme abusent particulièrement des heures supplémentaires. Selon l’Institut national de statistiques, en 2018 les Espagnols en ont fait 330 millions, un record depuis 2009. Qui plus est, près de la moitié de ces heures supplémentaires sont illégales, ne sont pas payées ou rémunérées au noir. 

Par ce décret, le gouvernement espère aussi créer des emplois. Selon le syndicat UGT, si on éliminait toutes les heures de travail supplémentaires, on pourrait créer 180 000 emplois à temps complet.

"C'est une véritable jungle"

Selon l’Institut national de statistiques, au deuxième trimestre 2019, les heures supplémentaires rémunérées ont chuté d’environ 12%, et celles qui ne sont pas payées de 2,5%. 

Ces chiffres sont salués par les syndicats, mais insuffisants à leurs yeux. Gonzalo Pino, le secrétaire de politique syndicale d'UGT (Union générale des travailleurs), c’est l’arbre qui cache la forêt, car la plupart des entreprises n’ont toujours pas implanté le contrôle horaire. "Nous sommes satisfaits car il y a une loi que nous réclamions depuis des années, affirme le syndicaliste. Mais nous ne sommes pas satisfaits car dès sa création, la loi est apparue incomplète, laissant la possibilité aux entrepreneurs de ne pas modifier leur comportement. C'est une véritable jungle.

En réalité, 90% des entreprises dans ce pays n'ont toujours pas mis en place la pointeuse. La seule chose que nous réclamons, c'est que la loi soit appliquée car c'est un droit.

Gonzalo Pino

franceinfo

Les syndicats réclament avant tout que la loi soit appliquée par toutes les entreprises et pas seulement les grandes, où les syndicats sont présents. Ce sont les PME, largement majoritaires, qui font la sourde oreille.

Les syndicats réclament aussi plus de contrôles de la part de l’Inspection du travail et des amendes à caractère immédiat, beaucoup plus dissuasives que celles fixées par la loi. Le ministère du Travail a en effet décidé de laisser un peu de temps aux entreprises avant de les sanctionner afin qu’elles puissent s’adapter à cette nouvelle loi, mais à condition qu’elles puissent démontrer que des négociations sont en cours à ce sujet avec leurs employés. Une attitude jugée trop permissive par UGT, "qui n’incite pas les entreprises à changer".

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