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En Irak, les transferts forcés de déplacés inquiètent les ONG

Des transferts dans des conditions difficiles, qui mettent en danger les personnes déplacées.

Article rédigé par franceinfo - Lucile Wassermann
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un garçon dans un camp de déplacés à Sharya, en Irak, le 30 août 2019. (ZAID AL-OBEIDI / AFP)

Le gouvernement irakien veut fermer ses camps de déplacés. Depuis le début du mois, des centaines de personnes installées dans ces camps sont ainsi renvoyées, parfois de force, dans leur région d'origine, souvent dans un délai de deux ou trois jours maximum, et obligatoirement dans des convois formés par les forces de sécurité irakiennes.

Crainte de représailles

Mais de nombreuses familles redoutent de revenir chez elles aujourd’hui, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que certains de ces déplacés n'ont tout simplement nulle part où aller, car leur maison a été détruite pendant la guerre.

D'autres rencontrent des problèmes pour obtenir ou renouveler leurs papiers d'identité et savent qu'une fois de retour, ils ne pourront pas scolariser leurs enfants, trouver un emploi, ou même se déplacer librement. Il y a aussi le cas des familles accusées d’éventuels liens avec l’organisation État islamique, qui, elles, craignent des représailles de la population restée sur place, y compris dans d'autres camps, où elles pourraient être d'abord transférées avant de retourner chez elles.

"Je ne sais pas comment les gens sur place vont réagir. J'ai peur qu'ils nous fassent du mal, on a des ennemis là-bas", confie par exemple cette mère de deux enfants, originaire de Kirkouk, aujourd'hui installée dans un camp au sud de Mossoul.

Des renvois jugés "prématurés"

De nombreuses ONG et organisations de défense des droits de l'homme ont tiré la sonnette d'alarme ces dernières semaines. Elles jugent ces renvois "prématurés" et "contraire au droit international". Pour elles, il faut déjà régler l'ensemble de problèmes avant de vouloir fermer ces camps.

Elles dénoncent également l'organisation même de ces transferts. "Nous avons été souvent prévenus au dernier moment, ce qui a empêché souvent toute forme de coordination et de support pour ces familles, pour que les retours puissent se faire dans des conditions décentes et dignes", explique Tom Peyre-Costa, le porte-parole du Conseil norvégien pour les réfugiés.

Beaucoup d’ONG et de défenseurs des droits de l'homme ont donc demandé au gouvernement irakien de "mettre immédiatement fin à ces transferts", mais pour l'instant les autorités restent sur leurs positions et affirment qu'il est aujourd’hui temps de commencer à fermer ces camps de déplacés.

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