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En Corée du Nord, une nouvelle loi vise à lutter contre les influences étrangères

Consommation de films, de musiques sud-coréennes ou bien un style vestimentaire ou des coupes de cheveux considérées comme étrangères... Ces pratiques seront plus durement réprimées par le régime.

Article rédigé par franceinfo - Nicolas Rocca
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un participant à une réunion consultative des hauts responsables du Comité central du Parti et des comités provinciaux du Parti à Pyongyang, le 7 juin 2021. (STR / KCNA VIA KNS / AFP)

Cette nouvelle législation nord-coréenne prévoit jusqu'à 15 ans de prison pour ceux qui regarderaient des contenus venus de Corée du Sud ou d'autres pays. Et les sanctions peuvent aller jusqu'à la peine de mort pour ceux qui les importeraient et les diffuseraient selon le Daily NK qui s'est procuré une version de la loi visant à lutter contre les "pensées réactionnaires", selon les termes du régime.

Kim Jong-Un a affirmé vouloir stopper les coupes de cheveux, les styles vestimentaires et discours venus de l'étrangers qu'il a qualifié de "poisons dangereux". Pour cela, Pyongyang a également décidé d'étendre les conséquences de tels agissements aux proches des "coupables". Par exemple, les chefs d'entreprises sont tenus responsables des actes de leurs employés et des parents pour leurs enfants. Il faut savoir que la consommation de produits culturels venus de l'étranger est une pratique historique en Corée du Nord, grâce à la contrebande à la frontière chinoise, ou à l'envoi à travers des ballons de clés USB ou DVD par les nombreux transfuges passés au Sud.

Le régime mise sur l'autosuffisance

Pourquoi le régime nord-coréen décide-t-il d'agir maintenant ? Depuis janvier 2020, et le début de la crise du Covid-19, les portes du pays sont fermées à double tour. L'ordre a été donné de tirer sur les personnes qui tenteraient de traverser la frontière sino-coréenne. De fait, moins de produits entrent de manière légale ou illégale dans le pays. Dans ses premières années au pouvoir, Kim Jong Un avait tenté d'ouvrir l'économie nord-coréenne aux produits étrangers, pour augmenter le niveau de vie de sa population. Mais cela représentait un risque de dépendance, et désormais la stratégie de Pyongyang est de miser sur l'autosuffisance, ce qui représente également un défi.

"Je pense que Kim Jong-Un comprend que cette politique a deux aspects, explique Go Myung Hyun, chercheur à l'Asan Institute de Séoul, spécialiste de la Corée du Nord. D'un côté, il rend son régime moins vulnérable économiquement, mais politiquement, sa population va être mécontente de ce changement de stratégie, donc en augmentant le niveau de répression, il s'assure que tout le monde reste dans le droit chemin."

Six adolescents condamnés

Selon différents médias possédant des sources internes au pays, des condamnations pour consommations de produits étrangers auraient eu lieu récemment. Notamment celle de six adolescents coupables d'avoir regardé des séries sud-coréennes qui auraient été envoyés en prison à la mi-mai. Une information malheureusement impossible à vérifier.

Difficile d'imaginer que répression soit totalement efficace, les tentatives similaires n'avaient pas empêché les séries et musique sud-coréennes de devenir très populaires au sein du régime des Kims.

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