Fin du célibat, ordination des femmes… En manque de prêtres, l’Irlande demande à Rome de moderniser l’Église
Il n'y a plus assez de prêtres en Irlande. La situation devient de plus en plus urgente, selon une nouvelle étude de l’association des prêtres.
D’ici 20 ans, si rien n'est fait, il n'y aura plus de prêtres en exercice en Irlande. Alors, l'association des prêtres d’Irlande vient de demander officiellement à Rome de moderniser l’Église pour assouplir l’accès à la prêtrise.
Le problème est que les prêtres vieillissent et ne trouvent pas de remplaçants. Le nombre de curés proches de la retraite dépasse aujourd’hui largement le nombre de nouveaux arrivants. Pour donner un ordre d’idée, il y a moins de 50 hommes au séminaire de Maynooth, qui forme les prêtres irlandais depuis le XVIIIe siècle, alors que dans les années 1980, il y en avait plus de 600. Et si on regarde ceux qui sont en exercice, seuls 50 sont âgés de moins de 40 ans. Les vieux membres du clergé doivent souvent rester après l’âge de la retraite fixé à 75 ans, comme le craint le père John Collins, à Dublin. "Je suis peut-être le dernier prêtre de cette paroisse", avance-t-il.
"Il y a cinq églises dans le secteur avec trois prêtres, et une pression pour que les prêtres continuent."
Père John Collinsà franceinfo
"Ça rajoute du stress. Certains de nos prêtres sont en train de tomber malades, poursuit le père Collins. Il faut être très fort pour survivre à l’Église catholique aujourd’hui."
Moderniser l'Église de toute urgence
On observe une crise des vocations avec un vrai changement sociétal. Les jeunes hommes ont en effet beaucoup plus d’opportunités professionnelles qu’avant, dans des secteurs laïques. L’Eglise a donc besoin de se moderniser de toute urgence pour survivre, explique le père Collins. "Il n’y a aucune raison pour interdire un clergé marié. Vous savez, le célibat n’est pas pour tout le monde ! Il n’y a aucune raison pour que les femmes ne soient pas ordonnées. Elles ne devraient pas attendre plus longtemps. Mais je pense que cela prendra du temps pour que l’Église s’aligne sur mes idées !"
Et ce n’est pas encore à l’ordre du jour au Vatican. Pour continuer à fonctionner, les paroisses irlandaises doivent souvent supprimer des messes ou réduire le nombre de baptêmes. Mais souvent, cela ne suffit pas. Les diocèses se mettent donc à recruter à l’autre bout du monde, en Inde, en Pologne, en Roumanie, au Nigeria, ou encore aux Philippines. On voit souvent des prêtres étrangers à la messe désormais, même dans des petits villages reculés. Mais cela ne plaît pas à tout le monde. Parce que ce ne sont pas des footballeurs qu’on peut transférer en échange d'argent, critiquent certains membres du clergé.
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