L'Afrique ne veut plus du lait de mauvaise qualité venant de l'Europe
L'Afrique est un continent où l'Europe exporte, sous forme de poudre de lait, sa surproduction de lait. Cela impacte directement les exploitants africains, qui ne peuvent pas être compétitifs en termes de prix.
La surproduction de lait a des conséquences en Europe, mais aussi en Afrique. L’Union européenne écoule une partie de cette surproduction sur le continent africain sous forme de poudre de lait. Une quinzaine de producteurs venus d’Afrique de l’Ouest ont plaidé leur cause la semaine dernière auprès des institutions européennes à Bruxelles.
Mariama Dicko faisait partie de cette délégation. Elle gère une petite exploitation laitière à Dori au Burkina Faso. Chaque jour, quelque 800 litres de lait y sont produits et transformés, mais elle se plaint d’une concurrence déloyale venue d’Europe : "Il ne dépasse pas les 200 francs et nous on est à 400 francs avec le lait local". Pire, "le lait qui arrive de l'Europe au Burkina n'est pas de bonne qualité", explique Mariama Dicko.
Un lait de mauvaise qualité
Le lait exporté vers l’Afrique de l’Ouest n’est autre que de la poudre de lait écrémée ré-engraissée à l’huile de palme. "Aujourd'hui avec les cours du beurre qui sont très élevés, les industriels européens vendent le beurre à un prix intéressant sur les marchés et donc se retrouve avec la poudre de lait écrémé qui a très peu de valeurs", explique Benoît de Waegeneer, d’Oxfam Belgique.
Pour s'en débarrasser, les industriels "mettent de la matière grasse végétale, principalement de l'huile de palme pour retrouver un mélange", poursuit-il. Une mixture à bas coût, car l’huile de palme coûte 12 fois moins cher que la matière grasse laitière. Ensuite, "ils l'exportent sur les marchés africains sous forme de poudre".
Ce que je demande à l'Union européenne, c'est de nous aider à améliorer ce que l'on a chez nous, pour rester chez nous au lieu de venir les encombrer en Europe.
Mariama Dickoà franceinfo
Cette poudre de lait européenne inonde les marchés locaux. Dans la ville de Bamako au Mali par exemple, 90% du lait consommé vient de poudre de lait étrangère, européenne principalement. Les associations comme Oxfam Belgique et les producteurs africains demandent que cela cesse. Oxfam Belgique, SOS Faim et d’autres associations ont lancé une campagne dont le titre est "Arrêtez d'exporter nos problèmes".
Ces problèmes liés à la surproduction de lait se sont aggravés depuis la suppression des quotas laitiers décidée par l’UE en 2015. Mariama Dicko appelle l’Europe à soutenir la production locale. L’inquiétude de ces producteurs africains est d’autant plus grande que les exportations européennes de poudre de lait ont doublé en dix ans. Une tendance qui devrait se poursuivre dans le futur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.