Le Niger adopte un nouvel hymne national pour en finir avec les anciennes paroles coloniales
Le Niger a un nouvel hymne national. Cela faisait longtemps que l'ancien, la Nigérienne, était critiqué dans le pays. Ce morceau a été composé en 1961, soit un an après l'indépendance du pays, par un compositeur français, Maurice Albert. Si le gouvernement reconnaissait à cet hymne toutes les valeurs d'attachement à l'identité nationale et à la paix, il lui reprochait aussi certaines insuffisances, en particulier le paternalisme. Ce sont notamment les troisième et quatrième vers de l'hymne qui était critiqué : "Soyons fiers et reconnaissants, de notre liberté nouvelle." On estimait que le mot "reconnaissant" indiquait une inféodation à la France, l'ancienne puissance coloniale.
Le projet de changement d'hymne avait été annoncé dès 2019 par l'ancien président Issoufou et un groupe d'élus et d'experts avait été mis en place pour plancher sur de nouvelles paroles et une nouvelle mélodie : "Incarnant la vaillance et la persévérance, et toutes les vertus de nos dignes aïeux, Guerriers intrépides déterminés et fiers, défendons la patrie au prix de notre sang."
Lutte passée et actuelle
Ce nouvel hymne, selon des sources parlementaires, glorifie à la fois la lutte passée pour l'indépendance, mais aussi la lutte actuelle contre le jihadisme. Et on se souvient qu'en 2019, le ministre de la Renaissance culturelle nigérien à Soumana Malam Issa disait qu'"il faut trouver un hymne qui puisse galvaniser la population, être pour nous une sorte de cri de guerre pour toucher notre fibre patriotique".
Du côté de l'opposition, le changement d'hymne est salué, mais on raille la volonté affichée du gouvernement d'exprimer un affranchissement envers la France, l'ancienne puissance coloniale, quand le Niger accueille aujourd'hui l'essentiel des soldats français au Sahel.
Dans les rues de la capitale Niamey, les habitants se sentent assez peu concernés par ce changement. Il faut dire qu'entre l'insécurité, l'inflation et la fête prochaine de l'Aïd el-Kebir, appelée Tabaski dans une partie de l'Afrique, changer d'hymne national pour eux, ce n'est pas la plus grande des priorités.
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